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24/08/2010 |

L’ours et l’essence

L’ours et l’essence pourrait être le titre d’une fable façon Jean de la Fontaine revue à la mode de Verkhoïansk. Il s’agit de fait de nos principaux sujets de discussions. Discussions lors de nos longs trajets à pieds du camps de base situé dans le hameau de Targana aux différents sites distants à vol d’oiseau de 3 à 6 km et qui nous demandent environ 90 mn matin et soir, souvent lourdement chargés de notre matériel de fouille. Discussions qui ont lieu aussi lors de nos courts repas, autour d’un feu de camps le midi ou dans la cabane le soir. Lors des trajets, l’ours à notre préférence car nous redoutons de le voir apparaître, tandis que lors de nos repas, c’est l’essence, les pates au corned beef avec ou sans sardines russes, mais surtout l’absence de bière (nos médicaments n’ont guère été entamés) commençant à peser à certains. 


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L’ours est présent partout, d’après certains d’entre nous il nous attendrait même ! Ses empreintes ont été vues (le plus gros fait au moins du 48, mais le 43 semble assez fréquent) et photographiées autour du hameau mais aussi sur notre tas de déblais. La fouille des tombes semble l’intriguer. Le swimming club de la Yana, fort de ses trois membres dont les bains réguliers sont de plus en plus rapides avec une température de l’eau inférieure à 10°C à 21h, l’a entendu pêcher plusieurs soirs durant et a vu la gerbe d’éclaboussures liée à son entrée dans l’eau sur la rive opposée. Darya, qui avait pris l’habitude de caracoler en tête (elle est jeune) lors de nos déplacements a été calmée par sa vue. Debout contre un arbre, à environ 50 mètres, il se faisait les griffes. Le sprint qui s’en suivit fut heureusement sans dommage, le vent soufflant pour elle du bon côté et l’animal ne l’ayant pas repéré. Nous avons maintenant avec nous « la fille qui a vu l’ours » et si les photographes espèrent bien l’avoir, c’est selon Vassily une idée romantique à rejeter. Le danger est bien là. Vassily est épouvanté par les ours qui l’ont déjà attaqué, l épargnant mais blessant grièvement son compagnon d’infortune. Quant aux villageois s’ils en voient régulièrement ils ne le chassent pas n’ayant à leur disposition que quelques vieux fusils, assez efficaces pour le lièvre des neiges et les canards comme nos palais ont pu le découvrir, mais totalement inefficaces pour des animaux de cet acabit. Désormais, la marche isolée est interdite sauf à Vassili qui se déplace avec une fusée de détresse à la main, seule arme réellement efficace selon lui contre la bête. Elle peuple nos marches et nos imaginations. 

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Si l’essence est moins dangereuse pour nos vies et beaucoup moins mythique, son absence nous pose actuellement de gros problèmes. Non seulement il n’y en a plus dans le hameau, ce qui nous empêche de nous faire aider par le bateau, mais elle est comptée au village distant de quatre heures par la Yana. Le président de la région contacté par iridium (celui qui nous permet de vous fournir ce blog) nous a assuré que la situation était la même à Batagay, capitale régionale. L’essence n’est livrée que deux fois par an, les réserves sont entamées et il ne semble guère question d’en apporter aux archéologues. Ce que nous comprenons. Les dernières tombes repérées par Vassily sont à plus de trois heures de marche, ce qui rend leur fouille impossible. Nous avons donc décidé de déménager.

EC


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