Fin de la guerre froide et physique du froid
L'hélium est un gaz rare. Cette appelation est très géocentrique : en fait, c'est l'un des éléments les plus abondants de l'Univers, le second à s'être formé après le Big Bang (le premier est l'hydrogène). Toujours est-il qu'il n'y en a pas beaucoup sur Terre : il est si léger que dès qu'il est libre dans l'atmosphère, il s'échappe. Il a fallu attendre les années 1880 pour en trouver piégé dans des roches.
Mais l'hélium est très utile : on s'en sert notamment pour réfrigérer des appareils de physique aux températures proches du zéro absolu. Et il n'a pas beaucoup de remplaçant possible. A très basse température, il n'en a même aucun.
Or l'hélium est devenu très coûteux : plus de 1300€ le litre, si j'en crois la revue Science du 6 novembre dernier. Ce qui menace la viabilité de nombreuses expériences de physique de par le monde.
Les causes? L'augmentation de la demande, liée notamment à la mise en place par les Etats-Unis d'un réseau de détecteurs de neutrons destiné à repérer les éventuels trafics de matériaux radioactifs, suite au démantèlement d'une partie de l'arsenal nucléaire russe. Et la baisse de l'offre. L'hélium est en effet produit principalement par la décomposition radioactive du tritium (de l'hydrogène à deux neutrons), constituant de base des bombes nucléaires à fusion. Pendant la guerre froide, les Etats-Unis et l'Union soviétiques maintenaient des stocks importants de tritium, qu'ils ont sérieusement diminué depuis. Diminuant du même coup leur production de tritium.
L'effondrement du bloc de l'est, dont on a fêté ces jours ci l'un des épisodes les plus spectaculaires, n'aurait donc pas réchauffé que les relations entre les peuples.
Luc Allemand
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