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octobre 2008

03 octobre 2008

L'archéologie préventive en danger ?

Blog_inrap Près de la totalité des agents du siège national parisien de l’Institut national de recherches archéologiques préventives ont signé une pétition s’opposant à leur transfert à Metz, dans le cadre de la revitalisation des villes frappées par la nouvelle carte militaire française. Les opposants pointent notamment les conséquences d’un déménagement pour un établissement encore très jeune, 6 ans d’existence seulement. C’est l’occasion de lire ou relire le collectif dirigé par Jean-Paul Demoule, ancien premier directeur de l’INRAP et Bernard Stiegler, philosophe et directeur de l’Institut de recherche et d’innovation du Centre Georges Pompidou. Intitulé L’avenir du passé, cet ouvrage remplit bien sa fonction qui est de prouver et démontrer la modernité de l’archéologie (La Découverte, 250 p., 2008, 22 €). Il associe dans un bel ensemble réflexions théoriques et expériences de terrain et il mobilise des chercheurs de disciplines très différentes qui ont eu à cœur de réfléchir à l’archéologie.

Vincent Duclert, EHESS

Pétition : http://www.lapetition.com/sign1.cfm?numero=1911 

02 octobre 2008

Le Nobel de 1965

Blog_jacob Le numéro de La Recherche « spécial Nobel » est donc sorti, avec le physicien Albert Fert en couverture. Dans l’histoire française des Prix Nobel, l'année 1965 fut un tournant  car elle marqua la fin de l’ère des vaches maigres et la traduction internationale de l’engagement national représenté par la création de la Délégation générale à la recherche scientifique et technique (1958-1962). En cette année, les biologistes François Jacob, Jacques Monod et André Lwoff obtinrent le prix en physiologie et en médecine pour leurs recherches sur l’ADN. Le premier rend du reste hommage au troisième dans un court texte de la page 71 qui rappellera La Statue intérieure (Odile Jacob, 1987, rééd. Gallimard, coll. "Folio", 440 p., 8,40 €), son autobiographie, à ceux qui l’on lue. Celle-ci n’évoque directement pas le Prix Nobel, mais il est très présent, particulièrement dans les phrases finales du livre : « La neige s’était mise à tomber sur le Luxembourg. La lumière baissait, prenait des teintes blanc sale, puis gris sombre. Comme si on repliait le jour pour le ranger dans sa boîte. Pour laisser place à la nuit, à la hantise, aux rêves, aux terreurs. Quand je suis sorti du jardin, l’idée m’est brusquement venue d’une expérience à faire sur la division cellulaire. Une expérience assez simple. Il suffisait de … »

Vincent Duclert, EHESS

01 octobre 2008

La trahison de Munich

Blog_munich Septembre 1938. Hitler revendique le rattachement au Reich du territoire des Sudètes, région tchécoslovaque où vit une minorité germanophone. Après avoir remilitarisé son pays et réalisé l’Anschluss, il sait que sa menace d’utiliser la force pour parvenir à ses fins est suffisamment crédible pour faire plier les Démocraties européennes. Pour « préserver la paix », le premier ministre britannique, Chamberlain, d’accord avec la France, contraint la Tchécoslovaquie à céder aux exigences nazies, le 21 septembre. Aux « Lendemains d’une trahison », Emmanuel Mounier, fondateur de la revue Esprit, rédige l’éditorial du numéro d’octobre en rompant avec la tradition « pacifiste » et « apolitique » de la revue, dénonçant « le déshonneur » d’une France sans parole, sacrifiant son alliée au chantage du fascisme. Publié aux lendemains des accords de Munich entérinant la cession sans concession des Sudètes à l’Allemagne, l’article de Mounier résonne dans les débats intellectuels, entre ceux prônant la sauvegarde de la paix par tous les moyens, et ceux voulant opposer la force aux exigences des fascistes, bien vite dénoncés comme « bellicistes » par les « pacifistes ». Les abonnés d’Esprit – appartenant aux deux bords – réagissent à cet éditorial dans des lettres adressées à Mounier, confiées sous l’occupation à son collaborateur Edmond Humeau, dont l’un des descendants a rendu possible la publication de cet échange épistolaire (La Trahison de Munich, Emmanuel Mounier et la grande débâcle des intellectuels, présenté par Michel Winock, CNRS Editions, 2008, 184 p., 20 €). A la lecture de l’éditorial, on voit bien que Mounier n’est pas « belliciste ». S’il méprise les hommes « résolus à ne pas se battre », il défend la force de résistance de ceux « résolus à ne pas tuer » en prônant le désarmement. Certains auteurs des lettres rejoignent l’engagement de Mounier ; d’autres au contraire manquent sa position subtile et perçoivent sa résistance comme une agression à laquelle ils opposent en vrac les horreurs d’une guerre, la « dictature militaire », l’injustice du Traité de Versailles… L’ensemble du recueil constitue ainsi un précieux témoignage de cette époque et de ses enjeux critiques, passionnant mais décevant tout à la fois, car il gagnerait à être mis en lumière par une véritable analyse historique, succinctement évoquée dans les quelques pages de préface de Michel Winock.

Delphine Berdah, CERMES