La grande famille de l'homme
Soirée DVD. La conférence de mercredi soir était suivie d'un "cocktail dînatoire", pendant que les étudiants de l'ENS regardaient le film. Je n'avais donc pas vu ce dernier. Heureusement, National Geographic Channel avait prévu que je préfèrerais boire et manger (et surtout discuter avec les intervenants à la conférence, ce dont je reparlerai plus tard), et je suis donc rentré chez moi avec un DVD de "La grande famille de l'homme".
Il faut bien le dire, ce film est d'un intérêt très moyen. Son seul propos est d'affirmer que tous les hommes descendent d'un ancêtre commun, et que les différences apparentes proviennent de mutations apparues au cours des migrations de notre espèce sur la Terre. Pourquoi pas. Mais plutôt que d'expliquer comment on arrive à une telle conclusion, en étudiant l'ADN de populations bien localisées dans différentes parties du monde, le réalisateur a préféré se contenter de l'affirmer. Du coup, l'argument devient juste bien pensant. L'étude de la population mondiale n'est vue qu'à travers les habitants d'un quartier cosmopolite de New-York, dont les habitants découvrent, grâce à leur ADN, qu'ils ont des origines dans diverses régions du monde (la belle affaire!), et que finalement, ils sont tous cousins (et donc qu'ils doivent s'aimer malgré leurs différences!).
Le projet Genographic n'est ainsi présenté que sous son angle "généalogique", le plus contestable. Dommage, le volet scientifique est nettement plus intéressant.
Cela intéressera peut-être les enfants jusqu'à une dizaine d'années (et encore, il n'y a pas beaucoup d'action, ils risquent de s'ennuyer). En outre, l'idée de justifier la solidarité humaine par la proximité génétique est plus que douteuse. Comme disait en substance un politicien français, je préfère ma soeur à ma cousine, et ma cousine à ma voisine... Dans ce cas, nous devrions aussi être solidaires des chimpanzés et des gorilles, et de toutes les espèces vivantes (arrêtons de nous laver les mains, nous génocidons à chaque fois une population de bactéries, qui sont tout de même nos cousines, même éloignées).
Wiktor Stoczkowski avait il y a déjà de nombreuses années livré une réflexion très intéressante sur le sujet, que je vous invite à lire ou à relire.
Luc Allemand