L’événement
de l’ouragan Sandy peut avoir un impact sur le résultat des élections
présidentielles américaines, en avantageant le président sortant et candidat
démocrate actuellement à la peine dans les sondages. Et cela pour deux raisons
au moins. Sandy a rappelé d’abord à l’opinion américaine l’importance d’une
politique écologique et de la prise de conscience du phénomène de « réchauffement
climatique ». Ce rappel a pris la forme très médiatique du ralliement à
Barak Obama, hier jeudi 1er novembre, du maire républicain (modéré)
de New York Michael Bloomberg. Il s’est exprimé à travers sa lettre Bloomberg View, estimant que le
président sortant était celui qui saurait « diriger en matière de
changement climatique ». « Notre
climat change. L'augmentation des phénomènes climatiques
extrêmes que nous avons vécus à New York et dans le monde peut être, ou pas, le
résultat de ce changement, mais le risque existe que ce soit le cas, a-t-il dit dans cette tribune. Les dégâts de cette semaine
devraient obliger les dirigeants élus à agir immédiatement. » * Ce ralliement de poids est aussi celui d’un
éminent représentant du monde des affaires. Il semble justement que les
capitalistes américains se détournent du candidat républicain.
L’autre impact de Sandy sur la campagne
présidentielle concerne l’Etat fédéral et son importance lors de désastres naturels
comme celui qui vient de se produire sur la côte Est. Tout à sa campagne contre l'Etat et pour la réduction des budgets publics, Mitt Romney avait critiqué
les agences fédérales dédiées à ces situations d’urgence nationale, comme la Federal Emergency Management Agency (FEMA). Celle-ci, le président
sortant l'avait au contraire, en 2008, totalement réorganisée après son fiasco dans la gestion
de la catastrophe Katrina à la Nouvelle-Orléans. Or, de l’avis des
observateurs, la FEMA a été très efficace en face du désastre provoqué par
Sandy.
Pour Romain Huret, historien des Etats-Unis et auteur en 2010 d’une enquête
remarquée (dont nous avions rendu compte) sur l’événement Katrina à
la Nouvelle-Orléans, « l’ouragan Sandy risque de fortement perturber les
derniers jours de la campagne présidentielle. Barack Obama et Mitt Romney n’ont
pas oublié les effets désastreux de l’ouragan Katrina pour l’administration de
George W. Bush », souligne-t-il sur son Blog (avec Vincent Michelot), Pennsylvania Avenue 2012.
« A moins d’une semaine de l’élection, l’ouragan Sandy est
donc en train de devenir un test grandeur nature des conséquences de cette
politique. Si l’ouragan Katrina avait choqué les Américains, c’est en raison de
la lenteur des secours et de leur incapacité à venir en aide aux…Américains
eux-mêmes. Pour Obama, l’enjeu est donc primordial : la gestion de la
crise des prochains jours doit démontrer les effets du recentrage militaire et
politique accompli depuis quatre ans. Fin stratège et président responsable, il
a mis entre parenthèse sa campagne car il sait que l’élection va se jouer dans
les prochaines heures », écrit-il encore ***.
L'avantage que pourrait prendre Barak Obama sur son rival républicain ne résulte pas du seul surgissement du hasard. L'événement engendré par l'ouragan Sandy révéle les choix profonds de la politique de la Maison Blanche. Ceux-ci sont opportunément rappelés aux Américains, à l'heure du vote.
Vincent
Duclert
*
cité par Le Monde, http://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2012/11/01/un-ralliement-de-poids-pour-barack-obama_1784657_829254.html
** Katrina. L'ouragan, l'Etat et les pauvres aux Etats-Unis, Paris, Editions de l'EHESS, coll. Cas de figure, 231 p., 15,30 €
***
http://electionus2012.blogs.liberation.fr/usa/2012/10/sandy-ou-les-fant%C3%B4mes-de-katrina.html
Photo de la Maison Blanche. « President Barack Obama receives
an update on the ongoing response to Hurricane Sandy at the National Response
Coordination Center at FEMA headquarters in Washington, D.C., Sunday, Oct. 28,
2012. FEMA Administrator Craig Fugate, right, and Richard Serino, FEMA Deputy
Administrator, are seated next to the President. October 28, 2012. (Official
White House Photo by Pete Souza) ».