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05 novembre 2012 | 

Les deux Républiques

Blog birn
L’Essai sur la citoyenneté des Juifs (en France et aux Etats-Unis) de l’historien Pierre Birnbaum, tout à la fois professeur à la Sorbonne (Paris 1) et à la Columbia University, dépasse de loin son sujet tout en le traitant de manière admirable. En effet, il pénètre dans les profondeurs des sociétés françaises et américaines révélées par leur rapport aux Juifs et à l’antisémitisme. Aux Etats-Unis où les Juifs demeurent, surtout au tournant du XIXe siècle au XXe siècle, sous la menace d’un accès de fièvre antijuive, raciste et xénophobe, la société se tient éloignée des pires traditions antisémites européennes. « Le pluralisme profond de la société américaine, sa décentralisation, la faiblesse de son Etat préviennent les formes radicales de mobilisation, restreignent l’emprise des idéologies et, en particulier, l’antisémitisme politique à la française comme protestation contre la présence des Juifs au sein de l’Etat y est réprouvé ». Pierre Birnbaum souligne ce que peut le droit dans la lutte contre l’antisémitisme, en France où la Cour de cassation réhabilite solennellement le condamné de 1899 (après avoir déjà cassé le verdict de condamnation de 1894), aux Etats-Unis où, entre 1916 et 2010, huit juges juifs siègent à la Cour suprême. L’historien propose ainsi une grande étude de « l’institution sur laquelle repose le système politique américain », et dont la France n’a pas l’équivalent, les prérogatives de la Cour suprême étant dispersées entre la Cour de cassation, le Conseil constitutionnel, le Conseil d’Etat.

On oublie bien souvent que les Etats-Unis sont eux aussi une République, et que les « deux Républiques, la française et l’américaine, sont depuis toujours au cœur de l’imaginaire politique moderne ». Il convient de revenir toujours à l’une et l’autre, pour mieux les connaître et les comprendre et, pourquoi pas, pour imaginer « la construction d’une maison, d’une vie sereine et pleine au sein de chacune des deux Républiques, [qui] s’inscrit donc, à chaque fois, dans une “géographie de l’espoir” faite de promesses distinctes mais aussi de désillusions dissemblables ». Il s'agit très précisément de concilier l'expression (à l'américaine) des identités religieuses avec l'affirmation (à la française) d'une citoyenneté égalitaire.   

Géographie de l’espoir est le titre d’une autre étude de Pierre Birnbaum paru en 2002 chez le même éditeur, Gallimard. On mesure avec Les deux maisons (coll. Les essais, 417 p., 25 €) comment le chercheur est parvenu à poursuivre son œuvre sur les Juifs de France tout en la transformant décisivement en direction d'une philosophie des pouvoirs du droit et de l’esprit public. Mais on se souviendra que Pierre Birnbaum est aussi un sociologue et politiste de l’Etat.

Vincent Duclert

02 novembre 2012 | 

L’événement de l’ouragan Sandy

L’événement de l’ouragan Sandy peut avoir un impact sur le résultat des élections présidentielles américaines, en avantageant le président sortant et candidat démocrate actuellement à la peine dans les sondages. Et cela pour deux raisons au moins. Sandy a rappelé d’abord à l’opinion américaine l’importance d’une politique écologique et de la prise de conscience du phénomène de « réchauffement climatique ». Ce rappel a pris la forme très médiatique du ralliement à Barak Obama, hier jeudi 1er novembre, du maire républicain (modéré) de New York Michael Bloomberg. Il s’est exprimé à travers sa lettre Bloomberg View, estimant que le président sortant était celui qui saurait « diriger en matière de changement climatique ». « Notre climat  change. L'augmentation des phénomènes climatiques extrêmes que nous avons vécus à New York et dans le monde peut être, ou pas, le résultat de ce changement, mais le risque existe que ce soit le cas, a-t-il dit dans cette tribune. Les dégâts de cette semaine devraient obliger les dirigeants élus à agir immédiatement. » * Ce ralliement de poids est aussi celui d’un éminent représentant du monde des affaires. Il semble justement que les capitalistes américains se détournent du candidat républicain.

Blog Fema WH
L’autre impact de Sandy sur la campagne présidentielle concerne l’Etat fédéral et son importance lors de désastres naturels comme celui qui vient de se produire sur la côte Est. Tout à sa campagne contre l'Etat et pour la réduction des budgets publics, Mitt Romney avait critiqué les agences fédérales dédiées à ces situations d’urgence nationale, comme la Federal Emergency Management Agency (FEMA). Celle-ci, le président sortant l'avait au contraire, en 2008, totalement réorganisée après son fiasco dans la gestion de la catastrophe Katrina à la Nouvelle-Orléans. Or, de l’avis des observateurs, la FEMA a été très efficace en face du désastre provoqué par Sandy.

Blog huret
Pour Romain Huret, historien des Etats-Unis et auteur en 2010 d’une enquête remarquée (dont nous avions rendu compte) sur l’événement Katrina à la Nouvelle-Orléans, « l’ouragan Sandy risque de fortement perturber les derniers jours de la campagne présidentielle. Barack Obama et Mitt Romney n’ont pas oublié les effets désastreux de l’ouragan Katrina pour l’administration de George W. Bush », souligne-t-il sur son Blog (avec Vincent Michelot), Pennsylvania Avenue 2012.

« A moins d’une semaine de l’élection, l’ouragan Sandy est donc en train de devenir un test grandeur nature des conséquences de cette politique. Si l’ouragan Katrina avait choqué les Américains, c’est en raison de la lenteur des secours et de leur incapacité à venir en aide aux…Américains eux-mêmes. Pour Obama, l’enjeu est donc primordial : la gestion de la crise des prochains jours doit démontrer les effets du recentrage militaire et politique accompli depuis quatre ans. Fin stratège et président responsable, il a mis entre parenthèse sa campagne car il sait que l’élection va se jouer dans les prochaines heures », écrit-il encore ***.

L'avantage que pourrait prendre Barak Obama sur son rival républicain ne résulte pas du seul surgissement du hasard. L'événement engendré par l'ouragan Sandy révéle les choix profonds de la politique de la Maison Blanche. Ceux-ci sont opportunément rappelés aux Américains, à l'heure du vote. 

Vincent Duclert

* cité par Le Monde, http://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2012/11/01/un-ralliement-de-poids-pour-barack-obama_1784657_829254.html

** Katrina. L'ouragan, l'Etat et les pauvres aux Etats-Unis, Paris, Editions de l'EHESS, coll. Cas de figure, 231 p., 15,30 €

*** http://electionus2012.blogs.liberation.fr/usa/2012/10/sandy-ou-les-fant%C3%B4mes-de-katrina.html

Photo de la Maison Blanche. « President Barack Obama receives an update on the ongoing response to Hurricane Sandy at the National Response Coordination Center at FEMA headquarters in Washington, D.C., Sunday, Oct. 28, 2012. FEMA Administrator Craig Fugate, right, and Richard Serino, FEMA Deputy Administrator, are seated next to the President. October 28, 2012. (Official White House Photo by Pete Souza) ». 

30 octobre 2012 | 

Femme de génie

Blog adèle
Mes confrères de la presse littéraire ont été nombreux à parler en cette rentrée de La déesse des petites victoires de Yannick Grannec (éditions Anne Carrière, 470 p., 22 €). Nombre d'entre eux ont semblé à cette occasion découvrir, avec intérêt, l'existence de Kurt Gödel. Il est effectivement inhabituel de faire de celui-ci un personnage de roman. Que peut-on dire de ce livre du point de vue de la vulgarisation scientifique?

Kurt Gödel était né en 1906 à Brno, dans ce qui était encore l'Empire Austro-Hongrois (le Kakanien de Robert Müsil). Etudiant puis enseignant à Vienne, ses professeur et collègues avaient pour noms Hahn, Schlick ou Carnap. Même pas juif, il fuit toutefois, après l'Anschluss, le régime hitlérien. L'Institut des études avancées de Princeton l'accueillit. Là, il fréquenta Einstein, Oppenheimer, Morgenstern et von Neumann. Il fut naturalisé américain en 1947. Il est mort en 1978, de faim : persuadé que l'on essayait de l'empoisonner, il refusait de s'alimenter.

Gödel est surtout connu pour son « théorème d'incomplétude », l'une des grandes avancées de la logique du XXe siècle, qui a été mis à toutes les sauces depuis. Il s'attaqua aussi à « l'hypothèse du continu », problème qu'il ne parvint pas à résoudre totalement. Et il fit également des contributions en physique théorique, sur la suggestion de son ami Einstein.

Son épouse, Adèle Porkert, est beaucoup moins connue. Danseuse dans un cabaret lorsqu'elle rencontra Gödel ; un peu plus âgée que lui et déjà divorcée ; n'ayant pas fait d'études. Elle était l'opposé de cet homme pour lequel l'esprit aurait été bien plus performant si le corps ne l'avait entravé en permanence. Il lui doit d'avoir vécu si longtemps dans cette enveloppe charnelle qui l'intéressait si peu. C'est elle que Yannick Grannec a décidé de mettre au centre de son récit. Il a bien fait.

On voit peu de science dans ce livre, raconté du point de vue d'Adèle. Son grand homme ne considère pas utile de lui faire partager ses travaux. Quelques repas partagés avec d'autres scientifiques sont l'occasion d'évoquer des aspects de la physique qui se développe à l'époque, relativité et physique quantique. On y partage aussi des anecdotes sur d'autres scientifiques célèbres et, plus sérieusement, des éléments sur les relations entre science et politique. C'est, de ce point de vue, un roman d'ambiance. On ne lira rien que l'on n'a déjà lu dans des publications plus spécialisées. L'auteur ne s'en cache d'ailleurs pas, puisqu'elle livre en fin d'ouvrage une partie de sa bibliographie.

Beaucoup plus intéressant est le travail d'imagination de Yannick Grannec sur ce que pouvait être la vie avec un homme tel que Kurt Gödel. Un génie, certes mais dépressif, maniaque, paranoïaque. Partant de ce qui est publiquement connu du personnage, elle propose une reconstitution de la relation qui unissait ces deux personnes. Mais là, on ne parle plus de science, on parle de littérature.

Luc Allemand
24 octobre 2012 | 

Vive l’agro-révolution française !

Blog tardieu
Le journaliste scientifique Vincent Tardieu a conduit une grande enquête auprès de 140 agriculteurs, scientifiques, techniciens, écologistes et élus de nombreuses régions pour mesurer les mutations du monde agricole et alimentaire français et comprendre leurs implications tant matérielles qu’humaines et sociales. Cette « enquête au long cours », qui éveille chez l’auteur des origines enfouies dans la profondeur de la mémoire, - quelques souvenirs d’enfants « à la campagne » à Dieulefit -, constitue un travail de terrain tout à fait exemplaire, où l’on apprend beaucoup sur les paysans, leur monde, leurs pratiques, leurs inquiétudes et leurs espérances. Celles, par exemple, de pouvoir désherber sans chimie ni labours. C’était possible avant, ça l’est redevenu aujourd’hui… Ou bien celle d'imaginer replanter des futaies au milieu des champs…

Plaidoyer pour l’agriculture écologique, l’enquête de Vincent Tardieu aide à comprendre et fait réfléchir. Le monde des paysans a encore un bel avenir devant lui.

Vincent Duclert

Vive l’agro-révolution française ! (éditions Belin, 464 p., 22 €)

21 octobre 2012 | 

La fin du village

Blog rvh
La 15e édition des Rendez-Vous de l’Histoire de Blois, qui s’achève ce soir, s’intéressait cette année aux « Paysans », avec une très intéressante affiche générale. Ce thème évoque pour beaucoup un monde en voie de disparition.

Dans un village du Lubéron, Cadenet, qu’il a patiemment exploré, Jean-Pierre Le Goff achève un livre sur l’enterrement d’un « ancien » (« Tout le monde se connaît et se salue discrètement ») et sur le Bar des boules dont le défunt était un fidèle : le sociologue y croise « les derniers survivants ». La fin du village (Gallimard, 579 p., 26 €) résonne avec les classiques de La Fin des terroirs (Eugen Weber, 1983) ou de La Fin des terroirs (Henri Mendras, 1967). Son enquête s’inscrit également dans la lignée des études de collectivités villageoises, depuis Edgar Morin et Plozevet jusqu’aux travaux de Pascal Dibie et de Jean-Didier Urbain. L’enquête de Jean-Pierre Le Goff dialogue avec celle que le chercheur américain Laurence Wylie a menée sur le même village voilà plus de cinquante ans (Un village du Vaucluse, Gallimard, 1968 et 1979). « Ayant eu l’occasion d’en lire des extraits à des Provencaux, j’ai pu constater qu’ils y retrouvaient, pour l’essentiel, un ancien mode de vie qu’ils évoquaient avec une grande nostalgie. La question est alors venue d’elle-même : qu’était-il advenu du village depuis lors ? ». Laurence Wylie constatait à la fin des années 1960 qu’en dépit de toutes les transformations que le village pourra subir, « on peut être sûr que ce qui résistera le plus longtemps, c’est ce caractère fondamental de la civilisation française : le sens de la dignité de l’homme qui pousse celui-ci à désirer un monde plus juste et à participer à une haute culture, tout en préservant farouchement son individualité ».

Blog village

« Un demi-siècle plus tard, peut-on considérer qu’il en va toujours ainsi ? », s’interroge Jean-Pierre Le Goff. Pendant près de trente ans, le sociologue s’est rendu à Cadenet pour y retrouver ce que les anciens nomment encore le « village ». Chaque fois, il y a éprouvé « la même sensation : celle d’arriver dans un lieu où la beauté des paysages et la lumière sont inséparables d’un type d’humanité que j’ai été heureux de connaître. Ce livre en témoigne, traversé qu’il est par une interrogation inquiète sur le type d’individus advenu avec le monde nouveau et sur les défis qu’il représente pour la vie en société. Libre aux politiques d’en tirer des leçons. Notre pays dispose de “réserves d’humanité” et de forces vives pour sortir de l’impasse. Il n’a pas dit son dernier mot ».

V.D.

Elie Kagan photographe

Blog kagan
Le 17 octobre 1961, le photographe Elie Kagan était sur les Grands Boulevards à Paris. Il a été prévenu qu’une manifestation d’Algériens allait s’y dérouler à l’appel du FLN. Il est le témoin de la sanglante répression qui s’ensuit. Interpellé par la police, il réussit à sauver ses pellicules. Ses photographies parviennent à franchir le mur de la censure. L’histoire de ce reportage au bout de la nuit est racontée par Jean-Luc Einaudi, spécialiste du 17 octobre 1961. Elle précède une sélection de photos d’Elie Kagan publiées dans un sobre et mince album des éditions Actes Sud/Sorlin (postface de Thèrèse Blondel-Bisch, 2001, 77 p., 17 €)

Vincent Duclert

20 octobre 2012 | 

Le 17 octobre 1961

« Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l'indépendance ont été tués lors d'une sanglante répression.

La République reconnaît avec lucidité ces faits.

Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes. » |

 

Les mots sont pesés, mais ils sont là. Le communiqué de la Présidence de la République, relatif à la manifestation du 17 octobre 1961 organisé à Paris par le FLN et réprimé de manière sanglante par la police parisienne aux ordres du préfet Maurice Papon, est inédit à ce niveau-là des autorités de l’Etat. Il faut se souvenir néanmoins de l’initiative courageuse de Catherine Trautmann, ministre de la Culture dans le gouvernement de Lionel Jospin.

Blog trautmann
« Ce qui m’a le plus révoltée au cours de ces dernières années, ce n’est pas seulement la montée du discours extrémiste et ses relents de fascisme, c’est le déni de l’histoire. C’est pour cela qu’en octobre 1997, je pris la décision d’ouvrir les archives de la manifestation des travailleurs algériens, le 17 octobre 1961 », raconte l'ancienne ministre dans un livre de mémoire de 2002, Sans détour (Le Seuil, 165 p., 14 €). Elle ajoute que Lionel Jospin, « cueilli à froid » par son initiative, lui téléphona aussitôt pour lui passer un mémorable savon. On apprécie qu’aujourd’hui François Hollande fasse mieux, et de plus haut.

Vincent Duclert

19 octobre 2012 | 

La culture de l'égoïsme

La Journée Mondiale du Refus de la Misère, célébrée chaque 17 Octobre est née de l’initiative du père Joseph Wresinski et de celle de plusieurs milliers de personnes de tous milieux qui se sont rassemblées sur le Parvis des Droits de l’Homme à Paris en 1987, cette journée est officiellement reconnue par les Nations Unies depuis 1992. Le message proclamé tous les 17 octobre est le suivant : « Là où des hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les Droits de l’Homme sont violés. S’unir pour les faire respecter est un devoir sacré. »

Blog casto
L’acceptation de la misère, qui caractérise largement les sociétés avancées, traduirait une « culture de l’égoïsme ». Celle-ci a fait l’objet d’un entretien entre le psychanalyste et philosophe français Cornelius Castoriadis (1922-1997), et l’historien américain Christopher Lasch (1932-1994), réalisé en 1986 sur la chaîne de télévision britannique Channel 4 et dont le texte vient d’être publié par les éditions Climats (105 p., 10 €). « Les gens tournaient le dos, pour ainsi dire, aux intérêts communs » (C. Castoriadis).

Le dialogue des deux théoriciens est suivi d’une postface de  Jean-Claude Michéa, dont l’éditeur ne nous indique rien sur sa biographie intellectuelle, et dont la préoccupation, en plus de proposer aux lecteurs un brouillamini d’idées et d’oukases, est de s’acharner…… sur la Cimade, coupable de réfléchir aux flux migratoires et à la gouvernance démocratique de l’humanité. Ce texte hors-de propos dénature l’édition du texte de ce bref dialogue et le sens des mots de Castoriadis.

Vincent Duclert

17 octobre 2012 | 

La crise sans fin

Blog crise
« Notre présent est envahi par la crise ». Ainsi commence le nouvel essai de Myriam Revault d’Allonnes, déjà auteure en 2010, aux mêmes éditions du Seuil, de Pourquoi nous n’aimons pas la démocratie. La crise fonctionne désormais « comme un “fait social total” (pour reprendre l’expression de Marcel Mauss ». Mais, alors que la crise peut produire des effets salutaires en obligeant au jugement, à la décision, à la sortie de crise, elle « paraît aujourd’hui marquée du sceau de l’indécision voire de l’indécidable. Ce que nous ressentons, en cette période de crise qui est la nôtre, c’est qu’il n’y a plus rien à trancher, plus rien à décider, car la crise est devenue permanente. Nous n’en voyons pas l’issue. Ainsi dilatée, elle est à la fois le milieu et la norme de notre existence. Mais une crise permanente est-elle encore une crise ? L’usage du mot perdure mais qu’en est-il de sa signification ? » C’est notre rapport au temps qui est ainsi affecté, bouleversé.

Philosophe, Myriam Revault d’Allonnes veut opposer une réflexion philosophique à cette rupture du sens dans l’expérience du temps.

Vincent Duclert

La crise sans fin. Essai sur l’expérience moderne du temps, coll. « La couleur des idées », 202 p., 19,50 €

16 octobre 2012 | 

Réparons la terre

Editeur du Prix Nobel de la Paix 2004 avec Celle qui plante des arbres (2007) et Un défi pour l’Afrique (2010), la maison Héloïse d’Ormesson vient de traduire le dernier ouvrage de Wangari Maathai, biologiste d’origine kenyane, zoologue, universitaire reconnue, professeure d'anatomie vétérinaire, entrée dans l'action politique et sociétale, devenant secrétaire d’Etat à l’Environnement dans son pays en 2003. Réparons la terre (192 p., 18 €) est une forme de testament légué par cette militante éclairée des droits humains qui fait de la protection de l’environnement un ressort de la justice sociale et de la paix entre les peuples. L’écologie et la démocratie ont un destin lié, c’est le message de cette traduction posthume (due à Pascale Haas), Wangari Maathai étant décédée le 25 septembre 2011 à l’âge de 71 ans à Nairobi. Son livre paraît le 31 octobre. 

Vincent Duclert