La politique scientifique de Pierre Mendès France
Les Assises
nationales de l’enseignement supérieur et de la recherche ont ouvert aujourd’hui
à Paris. Voulues par le gouvernement, elles devraient déboucher sur un rapport
puis sur une loi. L’action publique en matière de recherche scientifique est
souvent renvoyée à une époque faste où, non seulement les crédits étaient
abondants mais surtout existait une volonté politique de doter la France d’un
vaste secteur public où dominait la recherche fondamentale. Largement élaborée par les équipes
réunies autour de Pierre Mendès France, cette mobilisation fut concrétisée par
le général de Gaulle dès son arrivée à la tête du dernier gouvernement de la IVe
République, en novembre 1958 lorsqu’il jeta les bases de ce qui allait devenir
la DGRST (Délégation générale à la recherche scientifique et technique). L’un
des principaux animateurs du mouvement publie aujourd’hui de cette histoire, dans la
collection « Le sens de la recherche » des éditions Armand Colin
associée au Comité pour l’histoire du CNRS, une brève et nécessaire analyse. La politique scientifique de Pierre Mendès France
est sous-titrée à juste titre par son auteur, Jean-Louis Crémieux-Brilhac, « une
ambition républicaine » (186 p., 20 €). En cette année du trentième
anniversaire de la disparition de PMF, ce livre se veut, loin d'une tentation hagiographique, « un acte de justice » en ce sens qu’il
éclaire la marque imprimée par l’homme d’Etat et l’intellectuel sur l’organisation
de la recherche et de l’enseignement supérieur dans le second XXe siècle, au-delà même des grandes assises voulues par le ministre de la Recherche et de
la Technologie du gouvernement Mauroy de 1981. Puisque la gauche est de retour aux affaires, elle peut s'inspirer encore de la volonté mendésiste de
placer la recherche et l’enseignement au cœur des grands enjeux politiques.
L’ouvrage est précieux aussi par les nombreux textes et documents qu’il contient. Il se clôt par l’article que Jean-Louis Crémieux-Brilhac et Pierre Piganiol, premier patron et véritable créateur opérationnel de la DGRST, publièrent dans Le Monde le 23 janvier 2004, en plein mouvement des chercheurs pour sauver la recherche.
Vincent Duclert
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