Vous êtes sur BLOGS > le blog des livres

 

24 mai 2012 |

Se souvenir de la Grèce

Blog debray
On a beaucoup parlé durant les dernières élections présidentielles des « frontières », l’un des thèmes de campagne de Nicolas Sarkozy. Henri Guino, son conseiller spécial, avait emprunté au dernier opuscule de Régis Debray, Eloge des frontières (Paris, Gallimard, coll. Blanche, 2010, 97 p., 7,90 €). Issu du texte d’une conférence prononcée à la Maison franco-japonaise de Tokyo, ce petit livre fait l’éloge des villes frontière de l’Europe, « Tanger, Trieste, Salonique, Alexandrie, Istanbul. Accueillantes aux créateurs et aux entreprenants. Aux créateurs et aux entreprenants. Aux passeurs de drogue et d’idées. Aux accélérateurs de flux. [...] Nous avons tous, nous autres les poussifs, une dette à leur égard. Que serait aujourd’hui la langue française sans les écumeurs de l’outre-mer ? Il en va des civilisations comme des langues : stagnantes, elles doivent leurs rebonds à leur rebords, à leurs changements de portage quand elle en rencontre une autre, exotique jusqu’alors. En quoi il est aussi idiot d’opposer le centre à la périphérie que le substrat à la surface : notre intimité s’exhibe par l’épiderme. » 

Abandonner aujourd’hui la Grèce, ce serait ainsi renoncer à une partie de nous, la plus précieuse peut-être. Se souvenir de la Grèce, c’est rester fidèles à une haute idée de nous-mêmes, idée de voyages, de grands horizons, de langues et de cultures rapprochées, d’histoire et de savoir. 

Vincent Duclert 

Réagir / Réactions

Commentaires

Flux You can follow this conversation by subscribing to the comment feed for this post.

L'utilisation des commentaires est désactivée pour cette note.