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26 mars 2012 |

Justes en France

Blog cabanel 3
Patrick Cabanel consacre une étude essentielle aux 3 3376 Françaises, Français et étrangers en France à qui a été décerné le titre de « Justes parmi les nations » (Histoire des Justes de France, Armand Colin, 409 p., 27,50 €). Durant la Seconde Guerre mondiale, ils ont, au péril de leur vie et sans contrepartie, sauvé au moins un Juif. La récompense qui les honore constitue la plus haute distinction civile décernée par l’Etat d’Israël depuis 1963. Parmi les récipiendaires figurent de nombreux protestants dont Patrick Cabanel est d’abord le spécialiste. Il est venu à l’étude de la Solution finale par l’histoire du protestantisme français, mais aussi par celle de l’école, de ses maîtres et de ses maîtresses. Il travaille sur le sauvetage des Juifs depuis ses premières enquêtes de 1982 sur les Cévennes comme terre de refuge. Il a récemment édité le journal et la correspondance d’Alice Ferrières, institutrice protestante cévenole en poste à Murat (Cantal) qui a œuvré sans relâche pour cacher des enfants juifs et les soustraire au génocide (Calmann-Lévy, 2010). Elle se trouve, comme l’écrit Cabanel, « au confluent de la mémoire huguenote et de l’universalisme républicain – deux sources qui coulent bien dans le même sens ».

Après la guerre, les enfants sauvés ont tenté de retrouver leurs sauveteurs. Certains y sont parvenus, se donnant alors un passé tandis que les seconds pouvaient eux aussi commencer de vivre en paix avec leur mémoire, enfin soulagés. D’autres n’ont pas pu. Les traces ont été perdues. Les souvenirs des enfants demeuraient trop imprécis. « Certains sauveteurs n’ont jamais pu être nommés Justes ». Comme le rappelle Patrick Cabanel en conclusion d’une recherche d’une gravité et d’une justesse sans égal, la catégorie des Justes a été étendue à d’autres génocides, extension qui « peut nouer des génocides les uns aux autres, en révélant l’universalité de cette forme de violence, quelque spécifique que soit chaque catastrophe, et en rappelant qu’à chaque fois des hommes et des femmes ont pris le parti d’opposer, parfois frontalement, plus souvent en offrant aux victimes atteintes ou désignées des formes de secours, d’aide ou de témoignage contre le déni et l’oubli ». Ainsi apprenons-nous « à écrire l’histoire en sortant du huis clos des bourreaux et des victimes et en abordant un tiers parti généralement très majoritaire ».

Vincent Duclert

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Commentaires

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bOnjour,
Dans son livre Cabanel présente une mauvaise compréhension de mes études surtout concernant le sauvetage des juifs dans le département de la Sarthe.
Sur la typologie du suavetage des juifs dans la Sarthe à lire notre article: dans la Revue d'hIstoire de la Seconde Guerre mondiale n°236, octobre -décembre 2009, p 97-121.
Cet article démontre qu'il n'y avait pas que Mme Flament qui cachait des enfants juifs, mais d'autres personnes et plusieurs villages-refuges.
Limore Yagil
Historienne, Habiblitée à diriger des recherches.

 

sur le même thème des justes à lire nos ouvrages de références: Chrétiens et juifs sous Vichy: sauvetage et désobéissance civile, Cerf 2005 et La France terre de refuge et de désobéissance civile 1936-1944: l'exemple du sauvetage des juifs, Cerf, 2010-2011, 3 tomes, 1200p.
Limore Yagil, auteur de ses ouvrages, spécialiste de l'histoire de la seconde guerre mondiale et de l'histoire politique, culturelle et sociale de la France des années 1939-1944.

 

Bonjour,
Historienne spécialiste de l'histoire du sauvetage des juifs en France, et auteur de deux ouvrages sur le sujet - 2005 et 2010, je suis surprise de constater des erreurs dans le livre de Cabanel. Surtout une volonté de mettre en doute les risques qu'on pris bon nombre des Justes pour secourir des juifs.
Une telle attitude, contribuera dans le future à une une totale révisionnisme de l'histoire du sauvetage des juifs , voir même à une négation de l'importance de cette attitude.
Une telle affirmation me semble indigne d'un historien sérieux comme Cabanel
Limore Yagil
Historienne

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