Séquence BD. La croisière de l'Emile Bertin
Denis Lefebvre a romancé l’histoire vraie de l’or de la banque de France, les 254 tonnes de pièces et de lingots représentant douze milliard de francs évacuées le 10 juin 1940 du Brest sur L’Emile-Bertin, alors que les troupes allemandes investissaient les faubourgs du port breton. Une petite bibliographie historique est disponible en ouverture de La croisière de l’Emile-Bertin, le premier tome de la fresque en BD de cette histoire française au cœur de la guerre mondiale (Le Lombard, 48 p., 13 €). Chaque bulle compte, chaque dialogue narre la vaste cécité qui s’empara des élites militaires et civiles, quelques individus d’exception sauvant le pays de l’effondrement total. Lefebvre est associé à Pécau pour le scénario et Tibéry pour le dessin. Celui-ci pourrait paraître un peu statique. Au final il porte efficacement l’histoire. Certaines planches sont même très réussies dont celles qui mettent en scène L’Emile-Bertin, le véritable héros de l’album, navire mythique de la Royale du nom du célèbre ingénieur naval (1840-1924) *, croiseur ultra-rapide qui traversa l’Atlantique en huit jours avec sa précieuse cargaison avant d’atteindre Halifax le 18 juin. Mais la guerre a changé de visage, la France a conclu l’armistice et l’Angleterre n’est plus une alliée. Les navires de sa majesté ne peuvent empêcher L’Emile-Bertin de rallier La Martinique, sur ordre de Vichy, avec à son bord de mystérieux émissaires de la Résistance. La Gestapo quant à elle, avec les truands français qu’elle a recrutés et ses méthodes bien à elles, est déjà sur les traces de l’or français. On attend avec impatience la suite de ce Casablanca à la française !
* créateur de la marine de guerre japonaise, directeur des constructions navales françaises qui fit de la flotte française la deuxième du monde (après l'Angleterre) à l'aube du XXe siècle.
Vincent Duclert
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