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15 avril 2011 |

Le métier de critique. Journalisme et philosophie

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Hier comme chaque semaine depuis trente ans, Robert Maggiori a publié dans le cahier Livres de Libération un des articles de philosophie dont il a le secret. Une tentative de comprendre le travail des philosophes à travers un regard qui lui appartient en propre, cette fois sur les « Dernières lettres de Friedrich Nietzsche », les « lettres du philosophe avant et après le saut dans la folie ».

Les comptes rendus des livres de philosophie publiés par Robert Maggiori donnent son style et sa valeur au journalisme littéraire de Libération, pas seulement parce que de tels articles ouvrent généralement le cahier Livres et se déploient généreusement sur ses pages intérieures, mais principalement par leur manière de traiter les œuvres des philosophes. Le critique aborde les classiques –auxquels il consacre beaucoup d’attention – comme des œuvres dissidentes. A l’inverse, il montre comment les pensées plus radicales contribuent à l’élaboration des corpus classiques. Il s’applique aussi à montrer combien l’auteur fait corps avec sa pensée et travaille la philosophie comme un exercice de liberté. Maggiori a, incontestablement, inventé un genre dans la critique qui unit deux sphères apparemment inconciliables, journalisme et philosophie. Le métier de critique est pensé par lui comme une vocation. Il fait œuvre de philosophe en lisant, en écrivant, en publiant. L’originalité de son travail méritait d’y réfléchir. Le métier de critique (on entend résonner Le métier de vivre de Cesare Pavese) qui paraît aux éditions du Seuil (124 p., 14 €) introduit cette réflexion dans le style de son auteur, entre intimisme et universalisme. Et, pour une fois, Maggiori n’est pas coupé au « marbre » comme au quotidien. Les plus belles pages sont celles qu’il consacre aux philosophes disparus, dont il doit écrire sur le champ la nécrologie philosophique, autant d’oraisons funèbres dans la fabrique desquelles on entre un instant, un trop court instant. Le bref essai de Maggiori est édité, notamment, par Nicolas Demorand, depuis peu directeur de la rédaction de Libération. On peut parier que la tonalité philosophique du cahier Livres ne disparaîtra pas de sitôt.

Vincent Duclert

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Commentaires

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Je partage aussi que c'est un bon métier.

 

Un métier très réputé, qui nécessite de se doter de plusieurs qualités.

 

Un bon métier d'avenir !

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