Le gouvernement humanitaire. L'épreuve du Japon
L’étude de Didier Fassin, La raison humanitaire. Une histoire du temps présent (Gallimard Le Seuil, coll. « Hautes études », 2010, 365 p., 21 €) peut s’enrichir d’un nouveau chapitre avec les événements du Japon. Ce que l’auteur, sociologue et médecin, professeur à l’Institute for Advanced Study (Princeton) et à l’EHESS (Paris), appelle « gouvernement humanitaire », à savoir « le déploiement des sentiments moraux dans les politiques contemporaines », a semblé se produire avec difficultés, ou retard, dans le cas japonais. On a observé notamment une forte césure voire une claire opposition entre des autorités centrales déconnectées de la réalité des sinistrés du tsunami et de l'accident nucléaire, et des autorités locales au plus proches des drames individuels et collectifs et ressentant un sentiment de profond abandon par les responsables nationaux, révoltées même par l'incurie de Tokyo *. Ces autorités locales ont maintenu, dans des conditions extrêmes, le « gouvernement humanitaire ».
Vincent Duclert
* Voir notamment l'appel d'urgence lancé le 18 mars par le gouverneur du département de Fujushima, débordé par l'ampleur de la crise humanitaire dans cette région.
Photographie New York Times
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