Femmes au travail
La « question de la conciliation travail/famille tant du côté des femmes que du côté des hommes et plus largement de tous les acteurs de la société » est au cœur de l’étude que Laurence Cocandeau-Bellanger, maître de conférences en psychologie sociale à l’université catholique de l’Ouest, publie aux éditions Armand Colin (174 p., 19,50 €). La couverture de Femmes au travail. Comment concilier vie professionnelle et vie familiale montre une photographie en vignette d’une jeune mère de famille, jouant avec sa petite fille tout en menant au téléphone une conversation de toute évidence professionnelle. Si l’interrogation du livre est légitime puisque tant de femmes vivent en permanence cette tension entre la recherche de l’épanouissement professionnel et la poursuite du bonheur familial, si le propos renvoie bien cette question à tous les acteurs de la société et pas seulement aux seules concernées, on peut s’étonner aussi que les termes de la « conciliation » n’associent les femmes au travail qu’avec la femme en famille ou la mère de famille. La femme peut ne pas être mère de famille ou même épouse en couple, elle peut ne pas avoir de vie de famille déclarée, elle peut vivre seule, elle peut assumer une forme de liberté jusque dans sa vie intime et sexuelle, tout en s'interrogeant elle aussi sur la relation de sa vie personnelle avec son existence professionnelle. Ouvrage utile, femmes au travail aurait gagné à ne pas identifier la sphère personnelle des femmes à leur seule vie familiale. Les stratégies de conciliation déployées par les femmes leur permettent aussi de rester des femmes - en contraste avec leur vie professionnelle mais aussi avec leur vie familiale. Rester ou devenir des femmes, retrouver ou trouver leur autonomie d’acteur et leur identité propre dans le monde du travail et dans le monde de la famille. Cette ambition transparaît du reste dans certains « récits de vie féminins » (chapitre 2), comme Séverine qui s’autorise du « temps pour elle », voir des amies (des amis ?), aller à la piscine avec elles, se rendre chez l’esthéticienne, « des petites activités du quotidien qui lui permettent, quand elle les réalise, d’être une autre personne et pas simplement une mère, explique Laurence Cocandeau-Bellanger. Aujourd’hui, elle pense aussi les choses pour elle ». Et si le vrai sujet alors, ce n’était pas celui-ci ?
Vincent Duclert
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