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02 novembre 2010 |

La fonction politique de la justice

Blog martine 
En attendant des études de sciences sociales sur l’affaire Woerth-Bettencourt, soulignons combien la justice y est attendue. A savoir une ou plusieurs instructions menées par des juges indépendants. C’est à cela que vient de se résigner le procureur de la République de Nanterre qui a demandé, vendredi 29 octobre, l’ouverture d’une information judiciaire à laquelle il était resté jusque-là hostile. C’est dire que la justice, dans le fait même d’exister comme une institution réputée indépendante d’enquête et de jugement, révèle une « fonction politique », qualité à laquelle est consacré un ouvrage collectif dirigé par deux sociologues du fait politique, Jacques Commaille (Ecole normale supérieure de Cachan) et Martine Kaluszynski (CNRS). Les contributeurs de ce volume publié dans la collection « Recherches » de La Découverte se sont en majorité penchés sur le phénomène de « judiciarisation du politique » qui traduisent l’affaiblissement des « modes traditionnels de régulation sociale » et induisent « un transfert de souveraineté de l’Etat vers la justice, du politique vers le juge ». Mais, avertissent les maîtres d’œuvre de La Fonction politique de la justice (327 p., 26 €), « l’enjeu réside dès lors dans la capacité des institutions républicaines à se rénover pour recréer un lien social que le pouvoir judiciaire, garant des valeurs héritées par l’histoire, n’a pas vocation à entretenir ». En d’autres termes, il s’agit de redonner du sens à la politique pour ne pas avoir à en rechercher du côté des institutions judiciaires. Redonner du sens à la politique, c’est-à-dire lui faire assumer l’idée de justice qui traverse les sociétés.

Vincent Duclert

Tous les lecteur ont bien sûr reconnu la photographie qui orne la couverture du livre, due à Marie-Laure De Decker (Gamma), montrant l'avocate Gisèle Halimi et sa cliente Marie-Claire Chevalier, seize ans, poursuivie devant le tribunal de Bobigny pour avoir avorté après un viol (1972). Cette dernière sera relaxée à la suite d'un procès transformé en événement politique, parce que les milieux politiques restaient sourds à la question de l'IVG et s'en tenaient à sa stricte pénalisation.

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