L'appel de l'ombre
La politique inclut une bonne part d’énigme qui échappe à l’activité rationnelle. Par exemple, aujourd’hui, que des lycéens et des étudiants puissent manifester contre une réforme des retraites ne laisse pas d'intriguer. Comment donc, à dix-sept ou vingt ans, se projeter dans sa vie quarante à cinquante ans plus tard ? Il faut accepter alors que la politique obéisse à l’irrationnel, aux affects, à la haine, et plus rarement à l’amour ou à l’admiration. On doit étudier ces ressorts insaisissables. La philosophe Thérèse Delpech montre l’importance de telles études dans son dernier essai au titre inspiré, L’appel de l’ombre. Puissance de l’irrationnel (Grasset, 177 p., 13 €). Elle avait publié auparavant, en 2005, L’Ensauvagement (prix Femina Essais) où elle écrivait notamment : « ce serait un immense progrès de s’interroger sur le vide spirituel qui mine nos sociétés, et sur les déséquilibres qui accompagnent ce phénomène ». Et si les jeunes se mobilisaient en réalité contre cette vacuité de l’existence ?
Vincent Duclert
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