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16 octobre 2010 |

Ecritures urbaines

Blog artières 
A l’heure où, à Blois, se tiennent les Rendez-vous de l’Histoire, évoquons l’œuvre originale et profonde d’un historien particulièrement créateur, amateur de sources étranges ou inattendues. Il publie ce mois-ci dans la collection « Le rayon des curiosités » des éditions Bayard un court et très bel essai sur Les enseignes lumineuses (165 p., 21 €). Ces néons et autres lettres colorées, qui répandent dans les rues leurs lumières tantôt fades tantôt éclatantes, représentent autant de sources pour l’étude « des écritures urbaines au XXe siècle », sous-titre du livre. Cette véritable anthropologie de l’écriture procède, comme l’écrit Philippe Artières, d’une archéologie. « Chaque fois, je me suis attaché à inscrire ces objets écrits dans une histoire sociale, à montrer comment ils agissent sur le social, ne relèvent pas de la seule histoire technique ou culturelle, construisent le [monde], le modifient aussi. L’histoire des lumineuses enseignes n’est pas autre ; avec elle, se déploient en creux des pans de notre histoire contemporaine ». Pour le chercheur, c’est bien la preuve qu’il n’existe pas « d’objets accessoires ou anecdotiques en histoire. Par eux, c’est une vision inédite du passé qu’on perçoit, des éclats d’un réel aussi infime qu’essentiels, aussi légers que graves ». Ces micro-dispositifs d'écriture recèlent bien des richesses de découvertes et d'interprétation. On ne les regardent pas, ces enseignes lumineuses, et pourtant elles projettent sur le monde des écritures éphémères que le chercheur se doit de considérer. Artières nous invite à penser les évidences du quotidien.

Vincent Duclert

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