Au nom de l'infini
Les éditions Belin-Pour la Science viennent de traduire l’étude de Jean-Michel Kantor (université Paris-Diderot) et de Loren Graham (MIT) consacrée aux mathématiciens russes du début du XXe siècle, connus sous le nom d’Ecole de Moscou, et dont les tentatives extrêmes d’atteindre les infinis mathématiques ont marqué l’histoire de la discipline. Les Russes reprenaient des questionnements auxquels les Français comme Emile Borel, René Baire et Henri Lebesgue avaient finalement renoncé après les avoir posés. Ces derniers étaient restés « fidèles à leur rationalisme et à leurs préjugés cartésiens », relève Laurent Lafforgue qui introduit Au nom de l’infini. Une histoire vraie de mysticisme religieux et de création mathématique (traduit de l’anglais par Philippe Boulanger, 285 p., 24 €). « Les Russes, apprenant les mathématiques nouvelles lors des séminaires parisiens, étaient stimulés par une approche mystique et intuitive, liée à l’hérésie de l’Adoration du Nom, dont plusieurs étaient les disciples ». Commencèrent alors, pour Loren Graham, une enquête sur les lieux mêmes de cette aventure intellectuelle hors-normes et la recherche des figures principales des Adorateurs du Nom, dont les deux mathématiciens Dmitri Egorov et Pavel Florensky.
Vincent Duclert
L’image de couverture choisie par les éditions Belin provient du tableau de M.V. Nesterov, Les Philosophes (1917) ; S. Bulgakov et P. Florensky y sont représentés.
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