Quand les yeux de l'esprit voient plus loin que l'œil du corps
En cette année 2009, déclarée Année internationale de l’astronomie par l’UNESCO, Jean-Pierre Luminet donne suite au Secret de Copernic
L'esprit de L'œil de Galilée tient essentiellement à son titre paradoxal : si Galilée qui, bien que non astronome et profane aux lois de l'optique, parvient à voir en observant le ciel à la lunette des choses (le relief de la lune, les satellites autour de Jupiter, la Voie lactée infinie....) inaperçues de tous et surtout d'Aristote - paradigme du modèle cosmologique de l'époque et donc de la chrétienté-, c'est le protestant Kepler, mathématicien impérial à Prague, qui va confirmer les théories de son vis-à- vis copernicien. Kepler, luthérien hérétique qui souffre d'une faible vue (c'est toute l'ironie du roman dont il est le héros inattendu), est celui qui comprend, à l'aide des études de ses assistants, le fonctionnement de la lunette astronomique de Galilée (la convergence des images dans le foyer des lentilles) en écrivant son traité d'optique. Et donc la pertinence des observations de son confrère dont la preuve expérimentale ne sera fournie qu'un siècle plus tard ! Or leurs deux savants ne se sont jamais rencontrés, s'échangeant tout au plus quelques lettres...
Foin de tout géocentrisme ptoléméen, la morale épistémologique de ce riche roman de l'impeccable Luminet est sauve : il faut toujours la conjonction de la théorie et de l'observation pour faire avancer les sciences ; ici, bouleverser l'astronomie (Jean-Claude Lattès, 2009, 350 p., 20 €).
Frédéric Grolleau
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