Vous êtes sur BLOGS > le blog des livres

 

17 avril 2009 |

Quand les yeux de l'esprit voient plus loin que l'œil du corps

Blog Luminet En cette année 2009, déclarée Année internationale de l’astronomie par l’UNESCO, Jean-Pierre Luminet donne suite au Secret de Copernic

et à La discorde céleste dans sa tétralogie (La perruque de Newton est à venir) dédiée à ces « bâtisseurs du ciel » ayant modifié notre perception de l'univers. En 1609, dans un contexte européen ou les divers royaumes tentent de s'accaparer les savants ou de supprimer ceux qui les gênent, les premières observations télescopiques du théoricien et physicien expérimentateur Galiléi Galiléo « rencontrent » la publication de L'astronomie nouvelle où Johannes Kepler découvre, par la seule force du calcul et de l'esprit, les lois du mouvement planétaire (soit les trajectoires en ellipses). Ainsi naît un univers désormais démesuré, voire l'idée, chère à l'Antiquité et défendue jusqu'au bûcher en 1600 par G. Bruno, d'une pluralité de mondes possibles...

L'esprit de L'œil de Galilée tient essentiellement à son titre paradoxal : si Galilée qui, bien que non astronome et profane aux lois de l'optique, parvient à voir en observant le ciel à la lunette des choses (le relief de la lune, les satellites autour de Jupiter, la Voie lactée infinie....) inaperçues de tous et surtout d'Aristote - paradigme du modèle cosmologique de l'époque et donc de la chrétienté-, c'est le protestant Kepler, mathématicien impérial à Prague, qui va confirmer les théories de son vis-à- vis copernicien. Kepler, luthérien hérétique qui souffre d'une faible vue (c'est toute l'ironie du roman dont il est le héros inattendu), est celui qui comprend, à l'aide des études de ses assistants, le fonctionnement de la lunette astronomique de Galilée (la convergence des images dans le foyer des lentilles) en écrivant son traité d'optique. Et donc la pertinence des observations de son confrère dont la preuve expérimentale ne sera fournie qu'un siècle plus tard ! Or leurs deux savants ne se sont jamais rencontrés, s'échangeant tout au plus quelques lettres...

Foin de tout géocentrisme ptoléméen, la morale épistémologique de ce riche roman de l'impeccable Luminet est sauve : il faut toujours la conjonction de la théorie et de l'observation pour faire avancer les sciences ; ici, bouleverser l'astronomie (Jean-Claude Lattès, 2009, 350 p., 20 €).

Frédéric Grolleau

Réagir / Réactions

Commentaires

Flux You can follow this conversation by subscribing to the comment feed for this post.

L'utilisation des commentaires est désactivée pour cette note.