« Le voyage est à la mode », comme le notent les historiennes Rebecca Rogers et Françoise Thébaud

dans l’éditorial du numéro récent de CLIO, Histoire, Femmes, Sociétés, consacré aux « Voyageuses » (Presses Universitaires du Mirail, no. 28/2008, 26 €). Et comme l’indique le titre, les femmes, qui ont toujours voyagé, commencent à trouver enfin la place qu’elles méritent dans les travaux universitaires et les ouvrages grand public consacrés à ce phénomène. Les articles des historien(ne)s réunis ici, portraits collectifs ou individuels, mettent en scène des figures inédites de voyageuses en même temps qu’ils nous rappellent que les mobilités féminines à travers les périodes historiques et les divers aires géographiques faisaient souvent partie des « affaires des femmes ». Epouses des marchands assyriens, une héroïne islandaise médiévale, religieuses qui sillonnent terres et mers, princesses européennes du XVIIe, des « médiatrices culturelles », enseignantes de la Belle Epoque, étudiantes américaines à Paris dans les années 1960… Maints contre-exemples du mythe répandu de la « domesticité féminine »… Des croisements entre genre et empire sont aussi explorés, notamment dans le bilan historiographique de B. Melman, à partir, surtout, de la littérature anglo-américaine. Ce volume ouvre de nombreuses pistes de recherche et des possibilités pluridisciplinaires. Nous espérons qu’une place sera faite pour des voyageuses des périodes plus récentes (ethnologues, aviatrices, journalistes, photographes de guerre, travailleuses des ONG, etc.) et des couches sociales plus modestes dans une Voyageuses bis !

Renée Champion, CHSIM, EHESS