Aux Etats-Unis, le jour de l’investiture officielle du président élu approche (20 janvier). Avec lui commenceront les « 100 jours »

pendant lesquels Barack Obama et son équipe devront faire la preuve de leur capacité à réaliser les promesses de campagne et à surmonter la pire crise que les Etats-Unis ont connue depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Depuis la crise de 1929, disent même Olivier Richomme et François Dupaire qui poursuivent avec Obama face à la crise la réflexion entamée dans L’Amérique de Barack Obama (2007 et 2008, éditions Demopolis). Leur court et rapide ouvrage souligne combien la crise financière et l’affolement des républicains (incarné notamment par les voltes-faces de John Mc Cain) ont été déterminants dans le succès du candidat démocrate. Et comment celui-ci, désormais élu et bientôt en charge du pays, devra juguler la crise et renouer avec la période du New Deal où Roosevelt avait prouvé le pouvoir des démocrates (du moins de certains démocrates et surtout lui et son équipe) de faire face aux situations extrêmes. On pourrait penser qu’Obama et la crise (Démopolis, 148 p., 14 €, en librairie demain) transforme excessivement le président élu en un produit exclusif de la crise (« Vainqueur par la crise »). En fait, la crise qui a rattrapé la campagne présidentielle avant même l’automne a accentué les qualités personnelles et politiques d’Obama et de celles de son équipe déjà révélées lors des primaires. Les deux americanistes français le montrent assez bien même si cette partie manque d’une certaine limpidité.

L’ouvrage passe ensuite en revue les différents aspects de la crise (crise financière, crise sociale, crise énergétique, crise scolaire, …) et s’achève sur une réflexion relative à la signification profonde de la victoire d’Obama (« Vers un changement de civilisation »), où l’instance est mise sur la figure transnationale du président élu, un atout pour le moyen et le long terme. Car Obama doit penser d'ores et déjà à la réélection de 2012 alors que le grand plan de relance qu'il lancera sans aucun doute comme le recommande notamment l'économiste Paul Krugman, récent prix Nobel et soutien critique d'Obama (dans ses éditoriaux du NYT notamment) n'aura pas produit tous ses effets. Obama et la crise souffre certes d’avoir été écrit très rapidement. Mais il propose un effort de réflexion et de mise en contexte qui intéressera un large public tout en ne laissant pas indifférents les spécialistes, que ceux-ci s'intéressent aux Etats-Unis ou au reste du monde contemporain, - y compris la France.

Vincent Duclert, EHESS