Sortir de la Grande Guerre
Retour aux champs de bataille de la vieille Europe. La France se prépare à commémorer le quatre-vingt-dixième anniversaire de l’armistice du 11 novembre 1918. Il n’a échappé à personne que se prépare une offensive de livres sans précédents sur le sujet. On retiendra ici l’ouvrage collectif Sortir de la Grande Guerre, sous-titré Le monde et l’après-1918 (Tallandier, 511 p., 30 €). L’enquête dirigée par Stéphane Audoin-Rouzeau et Christophe Prochasson présente selon nous un triple intérêt pour les manières de faire de la recherche. Cette Grande Guerre qualifiée de Première Guerre mondiale a été paradoxalement étudiée presque exclusivement dans des cadres nationaux. Ici, le parti-pris est doublement international, dans les entrées puisque l’on va de l’Angleterre à la Turquie, et dans le choix des auteurs qui restitue le phénomène de mondialisation des travaux sur le sujet. Ensuite, cet ouvrage collectif ne ressemble pas à une suite de monographies séparées les unes des autres ; elle est valorisée au contraire par tout un appareil d’introductions, de présentations de parties, de conclusions intermédiaires, qui en fait un instrument très dynamique de production et de transmission d’un savoir. Enfin, Sortir de la Grande Guerre démontre que ces temps d’ « après-guerre », que ces phases de transition constituent de véritables temporalités qu’il n’est pas vain d’isoler et de comprendre.
Vincent Duclert, EHESS
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