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05 novembre 2008 |

De la démocratie en Amérique

Blog_gauchet L’écrasante victoire d’Obama est une belle leçon de démocratie offerte au monde. Certes, son premier responsable a beaucoup agi pour qu’il en soit ainsi. Il a d’abord donné une leçon de politique. Invention de la politique dont les Etats-Unis manquaient depuis la fin de la présidence Clinton. Organisation de la politique par un travail considérable avec ses équipes depuis deux ans pour convaincre les démocrates puis les Américains de voter pour lui et le changement qu’il incarnait. Sa victoire prouve que la démocratie peut progresser, qu’elle peut continuer d’assumer la question sociale –même aggravée de la question raciale -, qu’elle peut encore éveiller chez des hommes et des femmes un espoir, une identité, une volonté. C’est un enseignement historique si l’on considère les thèses nombreuses annonçant l’épuisement de la démocratie. La démocratie, la politique, ont encore des choses à dire à l’humanité. Elles associent des peuples et des personnes. Elles donnent de la dignité à ceux qui en ont été toujours privés. Cinquante ans après le début de la lutte des droits civiques, les Afro-Américains accèdent à la pleine souveraineté, à l’égalité politique. La démocratie était une idée très ancienne, et elle est désormais une idée très neuve avec la victoire de Barack Obama.

Blog_fraenkel Pour les Américains (et pour le monde), ce 4 novembre 2008 est l’exact opposé du mardi 11 septembre 2001. La victoire de Barack Obama est la plus éclatante revanche sur ce jour où l’Amérique se réveilla avec le goût de la mort et l’incertitude sur son destin. La victoire d’Obama referme de la meilleure façon qui soit, de la façon la plus haute et la humaine, la césure de l’ultraconservatisme rendue possible par l’exploitation idéologique des attentats du 11 septembre. Les New-Yorkais particulièrement peuvent désormais enterrer leurs morts et apaiser leurs souffrances. C’est leur esprit qui a triomphé cette nuit. Le discours d’Obama à Chicago résonnait de leurs mots, de leur tolérance, de leur diversité, et de leur volonté jamais démentie d’opposer à la liberté à la violence, comme il a su inscrire sa victoire dans la lignée des Pères Fondateurs de la Constitution et des grands présidents. Face aux républicains qui tentèrent de transformer la nation en un nationalisme agressif et belliqueux, Barack Obama et ses millions d’électeurs ont donné d’elle un sens politique, pacifique et démocratique. C’est essentiel et c’est une leçon historique pour le monde.

Vincent Duclert, EHESS

Marcel Gauchet, L'avènement de la démocratie, tome 1, La Révolution moderne, Gallimard, coll. "Bibliothèque des sciences humaines", 2007, 208 p., 18,50 €

Béatrice Fraenkel, Les écrits de septembre. New York, 2001, Textuel, 2002, 159 p., 27 €

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Commentaires

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Étonnant article qui affirme une chose (l'élection d'Obama est historique, salvatrice et néo-démocratique) sans jamais le démontrer... et pour cause.
Si cette élection avait eu lieu il y a 15 ou 20 ans, OUI, elle aurait eu un impact extraordinaire sur le cours de l'histoire, je pense. Aujourd'hui, elle apparaît plutôt comme un paratonnerre symbolique. Le messie est là. Amen.
Plus longue, plus dure sera la chute au réveil.

 

Je ne saisi pas bien en quoi l'élection de quelqu'un plutôt qu'un autre est un signe de bonne santé pour la Démocratie: le fait que cela était improbable que les Etats Unis élise un noir montre seulement que nos démocratie ne traitent pas tous les citoyens de la même façon; mais ce n'est pas parce qu'un noir Démocrate est élu que d'un coup, l'égalité politique serait instauré entre tous les citoyens.
Obama n'est pas un pacifiste, et reste dans une bonne mesure nationaliste en plaçant les intérêts américains au dessus des autres (comme d'ailleurs n'importe quel président...), il considère comme une liberté inalienable le fait de posséder une arme, mais ne s'est pas prononcer pour une couverture maladie universelle...
Et pour finir, Obama a été elu comme n'importe quel autre président américain: c'est à dire avec beaucoup d'argent (et surtout plus que ses concurrents), une campagne médiatique plus qu'imposante, ect....

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