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08 août 2008 |

De près et de loin

Blog_levi_str S’inscrivant dans l’actualité créée par le centenaire de Claude Lévi-Strauss, et par l’entrée de son œuvre dans la Pléiade *, déjà évoquée dans ce blog, Odile Jacob réédite les entretiens que la figure tutélaire de l’anthropologie a accordés à Didier Eribon il y a vingt ans (Claude Lévi-Strauss, Didier Eribon, De près et de loin, Odile Jacob, 2008, 21 €, première édition en 1988).

* voir l'article à ce sujet de Philippe Descola dans le mensuel daté juillet-août 2008

Cette nouvelle édition se justifie car la parole de Lévi-Strauss est rare, autant que sa propension à se livrer dans des écrits autobiographiques. A cette lecture, l’image que l’on avait du savant ethnologue est confirmée : celle d’un homme discret et peu complaisant avec lui-même, ce qui donne du poids au jugement distancié qu’il porte sur le monde. A la faveur du questionnement bien documenté de Didier Eribon, c’est un parcours intellectuel exceptionnel qui se dessine, fait d’affinités et de circonstances institutionnelles, de voyages et de rencontres, de curiosités et d’engagements. Les courts chapitres thématiques peuvent aussi se lire comme une introduction, d’accès aisé, à une œuvre souvent difficile. Si Tristes tropiques a échappé à cette complexité, Lévi-Strauss confesse qu’il pensait, en l’écrivant, « pécher contre la science ». Et ce n’est pas le moindre intérêt de ces entretiens que de rendre compte du chemin souvent escarpé que tout chercheur emprunte, un jour ou l’autre, au prix d’un cheminement irréductiblement personnel. « Pourquoi ai-je tant travaillé ? interroge Lévi-Strauss. Quand je travaille, je vis des moments d’angoisse, mais quand je ne travaille pas j’éprouve un morne ennui et ma conscience me taraude. La vie de travail n’est pas plus gaie que l’autre, mais au moins on ne sent pas le temps passer ».

Anne Rasmussen, Université Louis Pasteur, Strasbourg

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