Plaidoyer pour un nouvel esprit de la démocratie
Dans son dernier ouvrage, Le nouvel esprit de la démocratie, actualité de la démocratie participative (Seuil, coll. « La République des idées », mars 2008, 109 p., 10,50 €), Loïc Blondiaux invite le citoyen à s’informer et à s’interroger sur ce qui est considéré aujourd’hui comme une avancée significative pour la démocratie : la participation citoyenne. En témoignent la clarté du style, les efforts de synthèse de certains débats mais aussi le prix de l’ouvrage. Ce n’est résolument pas un ouvrage destiné à des spécialistes ou à un public convaincu. L’ouvrage constitue en lui-même une forme de participation et une volonté de contribuer à une discussion éclairée. Partant d’une analyse du flou qui entoure cette notion, l’auteur dégage plusieurs versions de cet idéal participatif. Démocratie agonistique ou apprivoisée ? Démocratie participative ou délibérative ? Sans nul doute, son projet est de plaider en faveur d’une institutionnalisation des procédures de la démocratie participative en prenant appui sur de nombreux exemples : les budgets participatifs, les conférences de consensus, les démarches de concertation, l’influence des blogs, sans oublier les jurys citoyens proposés dans le programme de Ségolène Royal lors de la dernière campagne présidentielle. Si l’auteur explique la forte capacité d’intégration de ces dispositifs, il ne manque pas de mettre en garde sur les détournements possibles des pratiques de la participation, leurs effets pervers et le(s) piège(s) de la proximité. C’est d’ailleurs sur ce point précis que l’ouvrage apparaît le plus pertinent. L’auteur conclut son analyse de manière engagée et militante en indiquant les raisons de « s’interroger sur les manières de concrétiser un tel idéal » (p. 81). Au-delà des réponses proposées à cette question très à la mode, on se demande toujours d’une part, à quoi correspond dans le fond et dans la forme ce nouvel esprit de la démocratie et d’autre part, ce que l’on est en droit d’en attendre. C’est in fine la question des fondements de la décision politique qui apparaît fondamentale et qui interroge sous un nouvel angle le lecteur citoyen.
Lynda Sifer Rivière, CERMES
Rédigé par : Lynda Sifer Rivière | 09 avril 2008 à 15:58
Créée en 2002, la collection "La république des idées" aux éditions du Seuil constitue un lieu de production et d’échange d’idées neuves en Europe et dans le monde et un lien entre les personnalités, les organisations, les publications qui défendent la force des idées comme moteur de l’activité humaine. Elle voit notamment le jour sous l'impulsion de Pierre Rosanvallon - Professeur au Collège de France, où il occupe la chaire « Histoire moderne et contemporaine du politique » et directeur d’études à l’EHESS. Celui-ci fonde un atelier international souhaitant participer à la refondation intellectuelle en France et en Europe. Les travaux s'appuient sur différents axes de travail dont les transformations du capitalisme, la démocratie et ses frontières, la géopolitique de la mondialisation, etc. Pour plus d'informations sur cette collection, voir le lien http://www.repid.com/spip.php?rubrique1
Rédigé par : Duclert | 09 avril 2008 à 08:26
Le hasard des envois de nos collaborateurs (ceux-ci choisissant les ouvrages chroniqués en toute liberté) fait bien les choses puisque Lynda Sifer Rivière a opté elle aussi pour un des petits essais de la collection "La République des idées". Après le post de Marie-Vic Ozouf sur la République et ses territoires, voici donc la République et sa politique.