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10 avril 2008 |

L'homme qui inventa l'informatique

Blog_turing_5 Auteur d’Alan Turing, l’homme qui inventa l’informatique (Dunod, coll. « Quai des sciences », 2007, 273 p. 25 €), David Leavitt n'est pas un scientifique mais un écrivain, professeur de littérature et d'écriture jouissant aux États Unis et en Europe d'une réputation plutôt flatteuse. Sa vision d'Alan Turing n'est pourtant pas seulement celle d'un écrivain. Il nous le décrit comme un homme original, homosexuel sans complexes et victime surtout des préjugés de sa société et de son époque et qui (paradoxe ou pas?) finira par se suicider (sauf pour sa mère) à l'aide d'une pomme imprégnée au cyanure. Par-delà une biographie traditionnelle, Leavitt détaille les différents thèmes sur lesquels travailla Alan Turing et les discussions épistémologiques qu'ils suscitèrent, de la démonstration du « théorème de la limite centrale » à la « machine de Manchester » (son « Bébé ») en passant par le « problème de la décision » (Entscheidungsproblem de Hilbert) pour lequel sa contribution fut longtemps oublié au profit d'Alonzo Church, et les « machines de Turing » que l'on n'a pas pu lui enlever. Alan Turing se préoccupait peu de savoir si d'autres avaient ou non travaillé et publié sur les questions sur lesquelles il réfléchissait. Cela expliqua pourquoi on négligea longtemps ses travaux et découvertes. On en veut pour preuve son rôle capital dans une activité par essence secrète : ses recherches sur la cryptanalyse de la machine Enigma au Bletchley Park. Le legs le plus important d’Alan Turing porte sur l'existence même des ordinateurs et la conviction forte que ce ne sont pas que des machines de calcul numérique. N'a-t-il pas titré un rapport « Machines intelligentes » et un article « Machines de calcul et intelligence ». L' « intelligence artificielle » n'a pas été un échec conceptuel mais un échec commercial et les questions posées par Turing restent pertinentes et d'actualité.

Michel Gaudet, Ehess

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Commentaires

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Aujourd'hui 10 avril, Michel Gaudet réunit ses amis pour un pot de départ. Il quitte en effet l'Ecole des hautes études en sciences sociales, après avoir été, des années durant, un informaticien et un ingénieur système hors-pair. On ne mesure jamais assez la contribution de ces personnes souvent invisibles qui permettent que, chaque jour, la recherche se fasse et s'écrive. Merci Michel, et bon vent. On vous regrettera.
Et c'est l'occasion de saluer ici l'informaticien de La Recherche, Jean-Brice Ouvrier, aussi discret et modeste que le reste, tel qu'en lui-même, Michel Gaudet.

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