Alliances Animales
Rémi Gantès et Jean-Pierre Quignard ont choisi de démontrer qu’on peut appartenir à des espèces très différentes et a priori n’avoir pas grand chose en commun mais gagner considérablement à une entente intelligente. Ces histoires d’Alliances Animales (Belin, 2008, 144 p., 17€) sont d’abord des histoires de confiance et de mutualisme : le premier partenaire approche l’autre, le séduit, à l’image du bernard-l’hermite qui « caresse » son anémone de mer pour l’apprivoiser jusqu’à ce que celle-ci vienne se fixer sur sa coquille et le protège de ses prédateurs en échange d’une partie de son repas. Ce sont aussi des rapports complexes, comme ceux qui relient les fourmis rouges à certains coléoptères qu’elles élèvent au cœur de leur fourmilière pour s’enivrer de leurs éthers, au détriment de la survie de leur colonie. Quant aux moules d’eau douce et aux bouvières (de petits poissons), elles ne pourraient tout simplement pas se reproduire l’une sans l’autre : les larves des mollusques grandissent dans les branchies des poissons qui ne peuvent frayer que grâce à l’intermédiaire des moules, réceptacles des œufs et du sperme des bouvières mâle et femelle. On se prête à regretter que la plupart des alliances décrites dans cet ouvrage n’impliquent pratiquement que des insectes, oiseaux, poissons, cnidaires et crustacés… n’y aurait-il aucun espoir d’échanges réciproques dès que l’on se penche sur les mammifères supérieurs ? D’après les deux courants actuels en éthologie, les « alliances » inter-espèces relèvent soit du mutualisme, soit du parasitisme… À bon entendeur…
Delphine Berdah, CNRS