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10 mars 2008 |

Le siècle du vide !

Pluiesiecle Entre l’hypothèse cosmogonique des "univers-bulles" et le réalisme modal du philosophe David Lewis (dont l’œuvre maîtresse, De la pluralité des mondes, a été récemment traduite), la fiction uchronique est aujourd’hui en mesure de dépasser la spéculation gratuite à laquelle l’avait réduite Emmanuel Carrère dans son essai, au demeurant remarquable, Le détroit de Behring. Le dernier roman d’Alastair Reynolds, La pluie du siècle (Presses de la Cité, 2008, traduit de l’anglais par Dominique Hass, 588 p., 23 €) peut se lire comme un plaidoyer pour le droit à l’existence de ces mondes parallèles. Alors que la Terre a été rendue inhabitable par une catastrophe nanotechnologique, Verity Auger, une archéologue spécialiste du Siècle du Vide (le nôtre !), se retrouve plongée dans le Paris de 1959. Ou plutôt tel qu’il aurait pu être à cette date. Car il est sur T2, une réplique de notre planète, isolée dans une gigantesque coquille par de mystérieux démiurges, et dont la ligne de temps à divergé de la nôtre au début d’une Seconde Guerre Mondiale qui n’a jamais eu lieu. Devenue une espionne temporelle, Verity enquête sur la mort d’une de ses collègues, en compagnie d’un privé local. Ce qu’elle découvre est terrifiant : quelqu’un veut supprimer cette copie dévoyée. Mais qui ?
Difficile de résister à ce mélange détonnant d’anticipation et de nostalgie, entre un univers post-apocalytique et un Paris de roman noir, jazzy et pluvieux. Et à un romancier de SF qui reconnaît sa dette envers Simenon !

Ivan Kiriow, Centre Alexandre-Koyré

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Commentaires

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La PAN-AC n'est pas de la science-fiction : cette technologie existe:

http://www.lab-rech-associatives.com/pages/agi.php

 

Merci de souligner ce thème que je n'avais pas abordé, tant le livre est riche. J'ai l'impression que, dans la littérature d'imagination (et sans doute dans "l'imaginaire collectif"), les nanotechnologies cristallisent et synthétisent de plus en plus deux vieux démons : le virus (encore un terme qui fait la navette entre biologie et technologie!) et le robot ( ouson avatar plus récent, la Singularité technologique, l'IA échappant au contrôle humain).

 

Outre ses qualités narratives, ce livre donne à penser sur l'ambivalence des nanotechnologies : sources de tous les malheurs, et en même temps bien utiles aux héros pour, finalement, sauver le monde. Des nanomachines intelligentes ont détruit toute vie sur Terre, mais ce sont aussi des nanomachines qui constitue le remède universel, la "pan-AC". L'auteur a l'habileté de ne pas juger, de ne pas proposer de morale, et de laisser finalement les personnages dans un destin incertain

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