La France sous l'Occupation, 1940-1944
Il y a soixante-dix ans, au petit matin du 14 juin 1940, l’armée allemande du IIIe Reich hitlérien, au terme d’une offensive fulgurante (« Blitzkrieg ») contre les forces françaises, entrait dans Paris déclaré « ville ouverte » par les autorités françaises réfugiées à Bordeaux. Les Allemands n’avaient pas occupé la capitale française depuis la brève incursion qui avait suivi la fin de la guerre franco-prussienne de 1870 et la signature de la convention d’armistice : le 1er mars 1871, les troupes prussiennes avaient défilé sur les Champs-Elysées. Le 18 juin 1940, à l’aube, le Führer accompagné de son état-major et de son architecte Albert Speer, parcourut les avenues de la capitale et observa la ville depuis la colline du Trocadéro. La veille, le 17 juin, le maréchal Pétain, le nouveau président du Conseil qui avait remplacé Paul Reynaud après une « révolution de palais » dénuée de toute légalité républicaine, avait offert à l’Allemagne la cessation du combat. La France entrait, comme déjà avant elle la Belgique, la Tchécoslovaquie ou une grande partie de la Pologne, dans l'occupation nazie. D’abord limitée en théorie à la zone nord, celle-ci s’étendit à la zone sud après le 11 novembre 1942.
La meilleure étude qui existe aujourd’hui sur La France sous l’Occupation est due à un historien anglais, Julian Jackson (Flammarion, 853 p., 30 €). Son livre de 2001, traduit en français en 2004 par Pierre-Emmanuel Dauzat, décrit, expose, établit la chronologie, les faits et les événements. Mais il analyse aussi beaucoup, la réalité historique telle qu’elle se comprend mais aussi la manière dont cette histoire a été traitée par la recherche. L’ouvrage propose ainsi un exceptionnel « essai bibliographique » qui passe en revue plus de cinquante ans de travaux français, mais aussi anglais et américains. Pour lui, la France a cédé devant l’ennemi et préféré la solution de la collaboration à celle du combat pour l’ « honneur et [la] patrie » (slogan introduisant originellement les émissions de la BBC de la France libre) en raison de « la capitulation des élites de la France devant les valeurs antirépublicaines ». Et celle-ci avait selon lui « une longue préhistoire ». La défaite, dont bien peu pourtant avait imaginé la brutalité, mit le pays à nu. Pour les chercheurs, l’objet d’étude a quelque chose alors de vertigineux. C’est ce qu’il faut rappeler en ce début de commémoration de « juin 40 ».
Vincent Duclert
You can follow this conversation by subscribing to the comment feed for this post.