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25 octobre 2010 |

Violence et ordres sociaux

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Deux économistes dont un Prix Nobel (Douglass C. North et John Joseph Wallis) et un politiste (Barry R. Weingast), tous trois universitaires aux Etats-Unis, éclairent dans Violence et ordres sociaux le destin des pays émergents, passés en quelques décennies de nations dominées au statut de grande puissance régionale voire mondiale. Ces pays comme la Chine ou l’Inde ont atteint des niveaux élevés de développement économique mais sans que soit réglée pour autant la question politique, à savoir le passage de la régulation de la violence à l’établissement de systèmes démocratiques. Pour les auteurs, l’un des biais consiste dans la faiblesse conceptuelle des sciences sociales, incapables d’articuler théorie économique et théorie politique. Aussi leur projet est-il très clair, et porte-t-il un livre dense et nécessaire. « Malgré ses efforts, la sociologie n’a pu établir de lien entre développement économique et développement politique à travers les âges ni dans le monde d’aujourd’hui. L’absence d’une théorie politico-économique viable tient au manque de réflexion systématique sur ce problème central qu’est la violence dans les sociétés humaines. Les moyens mis en œuvre par les sociétés pour écarter la menace omniprésente de violence façonnent et restreignent les formes que peut prendre l’interaction humaine, notamment dans les systèmes politiques et économiques. Le présent ouvrage propose un appareil conceptuel montrant comment, au cours des dix derniers millénaires, les sociétés ont exercé leur contrôle sur les activités politiques économiques, religieuses et éducatives en vue d’endiguer la violence. » (traduit de l’anglais par Myriam Dennehy, postface de Nicolas Meisel et Jacques Ould-Aoudia, Gallimard, coll. « Bibliothèque des sciences humaines », 458 p., 21,90 €)

Cette domestication de la violence a conduit à la mise en place de dispositifs d’Etat qui ont engendré un monopole du pouvoir et nourrit le processus d’enrichissement. Tout l’enjeu consiste désormais à desserrer l’emprise du pouvoir d’Etat sans risquer de libérer la violence. Le pari n’est pas gagné.

Vincent Duclert

 

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