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21 octobre 2012 |

La fin du village

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La 15e édition des Rendez-Vous de l’Histoire de Blois, qui s’achève ce soir, s’intéressait cette année aux « Paysans », avec une très intéressante affiche générale. Ce thème évoque pour beaucoup un monde en voie de disparition.

Dans un village du Lubéron, Cadenet, qu’il a patiemment exploré, Jean-Pierre Le Goff achève un livre sur l’enterrement d’un « ancien » (« Tout le monde se connaît et se salue discrètement ») et sur le Bar des boules dont le défunt était un fidèle : le sociologue y croise « les derniers survivants ». La fin du village (Gallimard, 579 p., 26 €) résonne avec les classiques de La Fin des terroirs (Eugen Weber, 1983) ou de La Fin des terroirs (Henri Mendras, 1967). Son enquête s’inscrit également dans la lignée des études de collectivités villageoises, depuis Edgar Morin et Plozevet jusqu’aux travaux de Pascal Dibie et de Jean-Didier Urbain. L’enquête de Jean-Pierre Le Goff dialogue avec celle que le chercheur américain Laurence Wylie a menée sur le même village voilà plus de cinquante ans (Un village du Vaucluse, Gallimard, 1968 et 1979). « Ayant eu l’occasion d’en lire des extraits à des Provencaux, j’ai pu constater qu’ils y retrouvaient, pour l’essentiel, un ancien mode de vie qu’ils évoquaient avec une grande nostalgie. La question est alors venue d’elle-même : qu’était-il advenu du village depuis lors ? ». Laurence Wylie constatait à la fin des années 1960 qu’en dépit de toutes les transformations que le village pourra subir, « on peut être sûr que ce qui résistera le plus longtemps, c’est ce caractère fondamental de la civilisation française : le sens de la dignité de l’homme qui pousse celui-ci à désirer un monde plus juste et à participer à une haute culture, tout en préservant farouchement son individualité ».

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« Un demi-siècle plus tard, peut-on considérer qu’il en va toujours ainsi ? », s’interroge Jean-Pierre Le Goff. Pendant près de trente ans, le sociologue s’est rendu à Cadenet pour y retrouver ce que les anciens nomment encore le « village ». Chaque fois, il y a éprouvé « la même sensation : celle d’arriver dans un lieu où la beauté des paysages et la lumière sont inséparables d’un type d’humanité que j’ai été heureux de connaître. Ce livre en témoigne, traversé qu’il est par une interrogation inquiète sur le type d’individus advenu avec le monde nouveau et sur les défis qu’il représente pour la vie en société. Libre aux politiques d’en tirer des leçons. Notre pays dispose de “réserves d’humanité” et de forces vives pour sortir de l’impasse. Il n’a pas dit son dernier mot ».

V.D.

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