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juin 2012

05 juin 2012

Avec le nucléaire

Blog prévot
Les éditions du Seuil avaient publié l’année dernière l’ouvrage de Benjamin Dessus et Bernard Laponche, En finir avec le nucléaire. Pourquoi et comment (175 p., 13,20 €) qui avait eu les honneurs du Livre du mois de La Recherche au mois de septembre 2011. La question du nucléaire avait été l’un des points saillants de la campagne, la droite attaquant l’irresponsabilité du candidat François Hollande et ce dernier défendant une vision raisonnée d’une réduction de la part du nucléaire dans l’électricité française. Voici que Le Seuil publie aujourd’hui un plaidoyer dû à un ingénieur des Mines spécialiste des questions de sécurité économique, de politique d’énergie et de lutte contre les effets de serre. Avec le nucléaire (220 p., 17 €), Henri Prévot plaide pour un « choix réfléchi et responsable » résultant de la prise en compte de toutes les contraintes énergétiques et écologiques mais aussi les questions politiques, « la construction européenne, les relations avec les pays en développement, la compétitivité industrielle de notre pays dans la concurrence mondiale, l’attitude à l’égard du progrès technique, le rapport à la nature, aux générations suivantes, la place de notre pays dans le monde… ». Et de proposer, non de réduire ou de stabiliser la capacité nucléaire française, mais de l’ « augmenter [...] dans les trente ou quarante années à venir, c’est-à-dire de décider dès maintenant de construire deux EPR par an ». Nul doute que ce nouvel ouvrage sur le nucléaire nourrira un débat déjà largement engagé. 

Vincent Duclert  

 

03 juin 2012

Le français, langue scientifique en Roumanie

Blog bookf
Chacun sait que la Roumanie est historiquement un pays très accueillant pour les Français, où francophonie et francophilie se portent très bien. Des institutions tant roumaines que françaises soutiennent et valorisent de telles dispositions de départ. La France est ainsi le pays invité du Salon du livre qui s’achève à Bucarest aujourd'hui. Jeudi avait débuté dans ses murs un cycle sur les sciences humaines avec, notamment, plusieurs tables rondes de spécialistes roumains et français (ces derniers ayant fait le déplacement) sur Pierre Bourdieu dont l’œuvre est en cours de traduction en roumain. L’Institut français de Roumanie, sous la houlette de son directeur Stanislas Pierret, a fortement soutenu la présence française au « Bookfest » et s’apprête à contribuer de la même manière à la venue, l’année prochaine en France, d’écrivains et de chercheurs roumains – futurs invités au Salon du livre à Paris dont le pays choisi est précisément la Roumanie.

Un autre diplomate, Fabien Flori, est en charge de la coopération universitaire et scientifique laquelle se développe également fortement sur la base d'importantes ressources roumaines de départ et d'initiatives souvent décisives. On peut citer la Faculté des sciences politiques de l’Université de Bucarest, qui a créé une licence enseignée en français et qui vient d’ouvrir un master commun avec l’Ecole des hautes études en sciences sociales, ou bien que le New Europe College/Institut d’études avancées qui assure un soutien déterminant à la recherche en sciences sociales. Un colloque international sur les guerres balkaniques (1912-1913) s'y est tenu sous la direction d'une équipe franco-roumaine (Catherine Durandin, Silvia Marton, Jean-Jacques Becker, Florin Turcanu) et, chose désormais si rare, le français était la langue scientifique durant ces deux jours travail.

Le NEC en publie ensuite les actes, dans des volumes remarquablement édités, en français bien sûr, comme cette Grande Guerre. Histoire et mémoire collective en France et en Roumanie (2010, 120 p.) sous la coordination d’un historien roumain (Florin Turcanu) et d’un historien français (Christophe Prochasson). La recherche et le livre sont donc très actives en Roumanie, pour le plus grand bénéfice du français, et parce que des hommes et des femmes choisissent de s’y impliquer avec une grande générosité et une belle efficacité. 

Vincent Duclert

01 juin 2012

Le suicide en France au XVIIIe siècle

Blog godineau
La fin du long week-end de la Pentecôte a été marquée par d’importants problèmes ferroviaires dus essentiellement à un nombre particulièrement élevé de suicides commis sur les voies, 12 au total lundi 28 mai, un nombre qui rappelle qu’en France, chaque année, 12 000 personnes choisissent de se donner la mort dont une bonne part pour attirer l’attention de la société sur leur sort. Les spécialistes ont souvent souligné ce paradoxe entre la décision de rompre le lien social et un acte qui tend désespérément vers sa préservation.

Le suicide a sa sociologie inaugurée par l’étude canonique d’Emile Durkheim en 1897. Il a aussi son histoire à laquelle Dominique Godineau vient d’ajouter une page importante avec sa recherche sur Le suicide en France au XVIIIe siècle (Armand Colin, 336 p., 24 €). Alors que le suicide reste considéré comme un crime puni de procès et de châtiment (en 1774, on pend encore par les pieds les cadavres des suicidés), le siècle des Lumières s’attache aussi à tenter de comprendre l’acte de « s’abréger les jours ». Du reste, Dominique Godineau constate que c’est au tournant des années 1780-1790 que le verbe se suicider apparaît sporadiquement dans les archives. Une étude ample, méthodique et, en résumé, nécessaire. 

Vincent Duclert