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14/05/2009 | 

Bonne chance?!

Tous les gens que je croise me souhaitent bonne chance... Je vais finir par penser que quelque chose va m'arriver... Mais non et c'est bien le "problème", je ne suis plus que spectateur...

Marc

Le calme avant la tempête

Après une matinée de course contre la montre en local, à tout finaliser avec les membres de l'IAS (Nabila, Hervé, Gilles, Hervé, Jean-Paul, Dominique...), tout s'est soudainement arrété! Rien de grave, juste la pause déjeuner-décompression-récupération... pour ceux qui peuvent. Tout est prêt pour accueillir les visiteurs (la presse,  la tv et les autres). Le stress de l'organisation redescend mais il est vite remplacé par celui du vol!! Dans 2h tout commence vraiment, et je ne sais pas si mon estomac noué va me permettre de déjeuner...

Marian

H- ou J-?

En principe, on est rentré dans le domaine des H-, le temps qui nous sépare du lancement se compte maintenant en heures (et rien qu'à l'écrire, ça fait monter la pression). Mais en fait, le lancement ne nous délivrera que d'une partie de nos appréhensions.

Pour moi, la tension ne va retomber que par une longue succession de paliers: aujourd'hui on lance, et si la fusée nous met sur la bonne trajectoire, ça sera déjà ça de gagné. Dans les jours qui viennent, l'équipe en charge des manoeuvres du satellite va le prendre en main et on saura si du point de vue dynamique tout va bien (et pour Herschel qui doit pouvoir se pointer sur n'importe quelle région du ciel, ça compte). Pour les instruments il faudra attendre le 24 mai avec le première mise sous tension et la première transmission de données. De quoi passer une dizaine de jours sympatiques.

Et pour mon instrument en particulier, on ne saura vraiment si tout va bien que le 12 Juin, quand on lui fera subir toute une batterie de tests destinés à explorer en détail son état dans son nouvel environnement spatial...

Donc du point de vue de mon retour à un état de tension normal, j'en suis encore a J - quelque chose.

Marc Sauvage

Tension, bonne humeur, et pluie à Orsay

Tout le monde est excité. Outre les couacs de communication à l'Université (le LAL qui ne retransmet plus l'événement), nous nous activons : réponse aux journalistes qui vont venir gouter l'excellente ambiance de l'IAS, pose des ballons à l'extérieur du laboratoire pour bien signaler l'endroit (pas facile avec la pluie), vérification des connexions. Ce qui compte, ce sont les conditions météo à Kourou, qui sont excellentes.
Nous vous tiendrons au courant depuis la salle de retransmission de l'IAS, avec des posts courts.

Hervé Dole

J....

Non, non on ne vous oublie pas et on essaiera à trois paires de mains de vous tenir au courant des événements depuis l'IAS. C'est juste que ça s'accélère et la tension est grande.

Marian et Hervé avec l'aide de beaucoup d'autres sont en train de finaliser les nombreux aspects logistiques. Ils réparent aussi les couacs inévitables de dernière minute : genre un labo voisin (le LAL) qui devait faire la retransmission et qui nous lâche en plein vol donc nouvelle annonce sur toute la fac.

Moi je suis aux prises avec des trucs très terre à terre : discuter avec la direction du labo, régler des problèmes de missions, écrire des attestations pour un post-doc japonais au labo, point sur un projet de satellite pour dans 10 ans ! C'est énervant de devoir faire ça maintenant mais bon la routine des labos ne s'arrête pas.

Allez, j'y retourne.

Nabila.

Compte à rebours

Planck comme toute expérience spatiale a traversé de nombreuses étapes, et bien d'autres encore l'attendent. Le lancement en est une importante qui marque le début de sa vie en tant que satellite. Nous, chercheurs, avons jusqu'ici imaginé le temps qu'il nous restait avant le lancement en terme d'années, de mois et récemment de jours. Mais dans le spatiale, où l'on parle de micromètre, de mK, de mW, il faut être précis ! Il est 23h40 et le lancement est dans 15h32 !! Dur-dur de se concentrer et de faire les choses proprement. Le stress du lancement (et de l'organisation de l'évènement aussi quand même) a du mal à se dissiper, même le soir tard. Mais reprenons ! 15h29. En fait du point de vue d'Arianespace, le compte à rebours commence 11h avant le moment 0 (le top du lancement), soit vers 4h du matin pour nous à Paris et s'exprime en heures, minutes, secondes et dixièmes de secondes.

Voici les étapes principales autour de l'heure H:

  • -7h30 : Vérification des systèmes électriques
  • -4h50 : Début de remplissage de l'étage cryogénique avec oxygène et hydrogène liquide
  • -0h07 : "All system go report"
  • -0h01 : Passage au mode alimentation autonome (ne dépend plus de l'extérieur)
  • -5.5s : Bras cryogenic enlevé, Ariane est "indépendante"
  • 0.0 :  Allumage de l'étage cryogenique
  • +7s : Allumage des Boosters à poudre
  • +7.3s : Décollage
  • +0h09 : Séparation de l'étage cryogénique
  • +0h25 : Séparation de Herschel
  • +0h27 : Changement de trajectoire, éjection du sylda
  • +0h28 : Mise en rotation et séparation de Planck

Merci Jean-Loup pour les détails. Comme on l'a déjà évoqué, d'autres moments clés vont se succéder pendant les 50 jours suivants. Mais là, à 15h12m55s du moment 0, il est temps de reprendre un peu d'énergie et de laisser retomber la tension de la journée, en attendant demain.

Marian Douspis

13/05/2009 | 

L'etalonnage de Planck

La, je sens vraiment une boule au creux du ventre. Demain c'est le jour J. Marian a découvert que le compte a rebours débuterait demain matin vers 4h (heure française). Peut-être serai-je éveillée à cette heure-ci. En tout cas, si c'est le cas j'irai jeter un oeil sur les sites dédiés (ESA, Ariane Espace) et si j'ai le courage je posterai quelque chose. En fait, je crois que le blog augmente mon stress car ça me force à exprimer mon angoisse, disons le, alors que j'aimerais juste faire comme si demain sera un jour comme un autre. J'ai déjà programmé une réunion de travail, je dois aussi commencer à préparer un cours de cosmologie mais franchement la tête n'est pas du tout à ça. J'accumule du retard qu'il va falloir rattraper en mettant les bouchées doubles.

Ca va être très chargé dans les semaines et mois à venir. A court terme, il y aura la période de tests et de vérifications de l'instrument Planck-HFI. Toute une équipe, dont nous faisons partie, est mobilisée pour ces 50 jours et nuits de tests au cours du transit jusqu'à L2. Certains membres de l'équipe ont déjà testé l'instrument au sol : l'étalonnage. Dans notre jargon ça veut dire que l'environnement spatial a été simulé dans des cuves, que des sources d'émissions simulant le rayonnement du ciel ont été développées et installées et que l'instrument a été mis en marche pour recueillir ce signal simule. Cette étape est cruciale car elle permet de tester les performances de l'instrument et de connaitre sa réponse aux stimuli. L'étalonnage de Planck-HFI a été effectué à l'IAS qui est l'un des rares laboratoires français a être équipé d'une station d'étalonnage. La station d'étalonnage de l'IAS a accueilli pour des tests de nombreux instruments sur les satellites COROT, Mars Express, ROSETTA, SOHO, XMM-Newton, ISO, etc.

L'étalonnage en vol c'est aussi une batterie de tests pour vérifier que tout fonctionne de manière nominale en situation réelle. Pour nous tous ça sera le premier contact avec les données de Planck. Ca ne sera bien sur pas encore des données utilisables pour faire de la science. Les "shifts" et le programme pour toute la période de test ont été déjà prévus et nous aurons sous peu les détails de la répartition en "tours de garde" des chercheurs et ingénieurs de France et de Navarre, mais aussi d'outre Atlantique et d'outre Manche. L'étalonnage au sol et en vol permettent d'accéder à une connaissance détaillée de la réponse instrumentale de Planck. C'est l'une des conditions nécessaires pour remonter au signal cosmologique tenu que les détecteurs mesureront, à savoir les fluctuations du rayonnement fossile.

Il parait que les posts ça doit rester courts pour que les gens les lisent ... J'arrete donc d'ecrire, brutalement. C'est vrai que si je m'écoutais, cette nuit, je la passerais à écrire.  Je passe la
main à Marian ou à Hervé ;)

News de Kourou

Trop génial!
Guilaine Lagache de l'IAS nous envoie des nouvelles de Kourou. Ca me donne la chair de poule de lire son mail. Je ne résiste donc pas à l'envie de faire partager. Guilaine est d'accord pour que je publie sa prose (entre guillemets), merci a elle. Avec Marc-Antoine Miville-Deschene de l'IAS aussi ils vont nous envoyer des photos voire même peut-être un film ... à suivre. Ce n'est pas Canne ... c'est mille fois mieux !

La journée d'aujourd'hui n'a "rien à voir avec hier!! On monte en émotion de jour en jour. Hier, le BAF était fermé. Grand hangar, assez cool de se dire que Planck était dedans mais quand même, ce n'était qu'un grand hangar fermé. Et là, on est arrivé et c'était tout ouvert. Quand on a commencé à pouvoir voir la fusée au fond, c'était silence complet dans le bus. On est descendu, à environ 500m de la fusée. Et 5 min après, le lent ballet a commencé. Elle s'est mise à bouger: changements de couleur sur la fusée, soleil et ombres nuageuses. Ca a duré 1H10 pour l'amener jusqu'au bord du pas de tir, tirée lentement  sur ces rails (le pas de tir situé à 2.8 km). Ca aurait très bien pu durer 6 heures qu'on  y serait encore à regarder tellement c'est beau et majestueux. Et surtout, on y serait encore à mater le gros autocollant "Planck" sur la coiffe!
Marc-Antoine craignait qu'ils aient collé d'un côté l'autocollant Planck et de l'autre l'autocollant Herschel et qu'on soit du côté autocollant Herschel. Mais ouf, ils avaient mis les deux côte à côte. C'était énorme.
A 10h, on était de nouveau sur le parking. Tout le monde est reparti vivre sa petite vie jusqu'à demain matin. Je ne suis pas sûre qu'on dorme sur nos deux oreilles. Entre l'excitation et l'inquiétude, mélange bizarre de sentiments. "

Ben ca sera pareil cette nuit à Paris et ses environs. Marian a fait des cauchemars la nuit dernière et moi j'ai manqué de noyer ma petite dans son bain en laissant divaguer mes pensées tout a l'heure. Tout
se passera bien  pour le lancement c'est sûr...

Nabila Aghanim, avec une longue citation de Guilaine Lagache.

26 minutes...

26 minutes, c'est le temps qu'il faudra au satellite Herschel pour, porté par Ariane 5, s'arracher à l'attraction terrestre et se retrouver seul dans l'espace.

Ces 26 minutes-là, c'est comme le point focal de toute l'histoire du satellite. Alors que son élaboration et sa construction auront couvert une vaste zone de l'espace (plusieurs continents) et du temps (plusieurs décennies), et que l'exploitation de ses données va se se dérouler dans quasiment le monde entier et pour sans doute plus d'une décennie, tout ce qu'a été et ce que sera Herschel va se concentrer sur ces 26 minutes emballées.

Personnellement j'ai du mal à trouver d'autres domaines où les projets peuvent passer par cette phase d'hyper resserrement que va représenter le lancement d'Herschel demain. Toutes les expériences de physiques ont leur "première lumière", mais dans quel autre domaine trouve-t-on un tel point, unique, non répétable, non modifiable, si totalement déterminant, un "maintenant ou jamais" de l'expérience?

Et ça, c'est pour demain. Demain, nous serons tous passés à travers le chas de cette aiguille, ou pas…

Marc Sauvage

Ariane en place

Un collègue, François, m'a appelle de Kourou pour m'indiquer qu'Ariane est désormais sur le pas de tir ! Le personnel sur place a profité de la vue, toute la journée, du lanceur se déplaçant lentement vers le pas de tir. La météo est favorable, malgré quelques orages. Tout s'annonce donc pour le mieux !

Herve Dole