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12/10/2009 | 

Pariscience, pari gagné !

Peut-être certains d’entre vous auront-ils regardé, hier soir sur Arte, le documentaire « L’instinct de la musique » ? Le hasard des programmations fait bien les choses : il s'agit là du film venant de remporter le Grand Prix du festival Pariscience 2009. Ce festival international du film scientifique, créé il y a 5 ans à l’initiative de l’AST (Association Science & Télévision), s'est déroulé du 7 au 11 octobre dans l’auditorium et le grand amphithéâtre du Museum national d’histoire naturelle.

Hier après-midi, c’est à la projection du film « Les guerres du climat : les forces en présence » que je me suis précipitée. Il faut dire qu’il venait de recevoir, la veille au soir, le « Prix de la Terre » du festival, avec ce commentaire d’une des cinq membres du jury « Nous l’avons élu parce qu’il donne chair aux controverses ».

Après visionnage, c’est le moins que l’on puisse dire ! Le réalisateur, Jonathan Renouf, mérite des éloges pour son art de ménager le suspense, sans sacrifier à l'exactitude des faits. Le film débute en 1972, date à laquelle plusieurs scientifiques écrivent au président des États-Unis. Ils y font état de leurs craintes concernant l’entrée de la planète dans... une nouvelle glaciation ! Autant dire que cette entrée en matière s’avère particulièrement efficace sur nos cerveaux habitués à entendre parler de réchauffement. La suite est tout bonnement passionnante : Jonathan Renouf explore la façon dont l’idée de réchauffement climatique – et le rôle de l’homme dans cette évolution - s’est peu à peu imposée. Sans passer sous silence (pour mieux la démonter) la rhétorique des climato-sceptiques. Le film se termine à la fin des années 1980, avec en particulier des images d’archive de Margaret Thatcher, soulignant dans un discours énergique les risques que fait courir le réchauffement à la planète, et rappelant : « Cette planète, nous n’en avons que l’usufruit ».

Lors de la remise des prix, samedi soir, il me semble avoir entendu dire que ce film de la BBC serait diffusé fin novembre sur la chaîne Ushuaïa. On appréciera ou pas le sensationnalisme de certaines images d’archive, on sera sensible ou pas à la douce ironie de quelques autres, on regrettera peut-être que les interviewés soient essentiellement américains, cela ne change rien à l’affaire : l’ensemble vaut le coup d’être regardé ! Il paraît qu’une suite est en cours de préparation. J’espère qu’elle sera proposée lors de la prochaine édition de Pariscience.

Du coup, j’en oublierais presque d’évoquer l’une des trois séances spéciales du festival, à laquelle j’ai assisté avec grand intérêt jeudi soir : « Qu’attendons-nous de la vérité scientifique ? » Pas de film, mais un débat animé entre Jean-Claude Ameisen, Bernadette Bensaude-Vincent, et Etienne Klein. Comme il était enregistré, vous pourrez, je l’espère, le retrouver sur le site de Pariscience.

Enfin – désolée pour l’aspect quelque peu décousu de ce « post » - je voudrais tout de même vous faire part du palmarès :

Prix des Lycéens  (parrainé par l’Inserm) : « Se déplacer en 2040 »
Prix des Collégiens (CNES) : « Voyageurs des fleuves »
Prix Buffon (Muséum) : « Malin comme un singe »
Prix de la Terre (Veolia Environnement) : « Les guerres du climat : les forces en présence »
Prix Pierre-Gilles de Gennes (CNRS) : « Fractales, à la recherche de la dimension cachée »
Prix Audace (Région Île de France) : « Les dompteurs de l’invisible »
Prix « Coup de coeur » du jury : « Tours du monde, tours du ciel »
Grand prix Pariscience (AST-Ville de Paris) : « Malin comme un singe »

Cécile Klingler

11/10/2009 | 

Voyager avec Ibn Battuta

Ibn Battuta fut un grand voyageur du XIVe siècle. Né à Tanger, au Maroc, il s'est d'abord, assez jeune, rendu à La Mecque pour le pélerinage rituel des musulmans, le hajj. Puis il a parcouru l'Asie centrale, l'Inde, et est même allé jusqu'en Extrême-Orient. Il ne fut sans doute pas le seul, mais lui a laissé un témoignage écrit de ses voyages. Traces historiques précieuses sur la géographie, la politique, la culture des régions qu'il a traversées.

Je l'avais rencontré il y a quelques années à l'occasion d'un article sur le Phare d'Alexandrie, qu'il a vu partiellement debout encore, puis complètement écroulé. J'étais donc intéressé d'en apprendre plus sur le personnage et son époque, et je me suis rendu à l'une des avant-première du film "Le grand voyage d'Ibn Battuta" qui passera à la Géode, à Paris, à partir du 14 octobre.

Hélas pour moi, ce film ne concerne que son "premier voyage", entre Tanger et la Mecque. Qui plus est, le réalisateur est plus soucieux de nous montrer de beaux paysages de désert actuels que de reconstituer le monde arabe de l'époque. Et le véritable sujet du film, c'est le hajj, dont on ne distingue d'ailleurs pas bien les évolutions depuis 700 ans. Pourquoi convoquer un personnage si intéressant et l'exploiter si peu? Pour se consoler, on peut lire sur le Web  les récits d'Ibn Battuta que l'Université du Québec à Chicoutimi a eu la bonne idée de mettre en ligne en français.

Luc Allemand

26/09/2009 | 

La grande famille de l'homme

Soirée DVD. La conférence de mercredi soir était suivie d'un "cocktail dînatoire", pendant que les étudiants de l'ENS regardaient le film. Je n'avais donc pas vu ce dernier. Heureusement, National Geographic Channel avait prévu que je préfèrerais boire et manger (et surtout discuter avec les intervenants à la conférence, ce dont je reparlerai plus tard), et je suis donc rentré chez moi avec un DVD de "La grande famille de l'homme".

Il faut bien le dire, ce film est d'un intérêt très moyen. Son seul propos est d'affirmer que tous les hommes descendent d'un ancêtre commun, et que les différences apparentes proviennent de mutations apparues au cours des migrations de notre espèce sur la Terre. Pourquoi pas. Mais plutôt que d'expliquer comment on arrive à une telle conclusion, en étudiant l'ADN de populations bien localisées dans différentes parties du monde, le réalisateur a préféré se contenter de l'affirmer. Du coup, l'argument devient juste bien pensant. L'étude de la population mondiale n'est vue qu'à travers les habitants d'un quartier cosmopolite de New-York, dont les habitants découvrent, grâce à leur ADN, qu'ils ont des origines dans diverses régions du monde (la belle affaire!), et que finalement, ils sont tous cousins (et donc qu'ils doivent s'aimer malgré leurs différences!).

Le projet Genographic n'est ainsi présenté que sous son angle "généalogique", le plus contestable. Dommage, le volet scientifique est nettement plus intéressant.

Cela intéressera peut-être les enfants jusqu'à une dizaine d'années (et encore, il n'y a pas beaucoup d'action, ils risquent de s'ennuyer). En outre, l'idée de justifier la solidarité humaine par la proximité génétique est plus que douteuse. Comme disait en substance un politicien français, je préfère ma soeur à ma cousine, et ma cousine à ma voisine... Dans ce cas, nous devrions aussi être solidaires des chimpanzés et des gorilles, et de toutes les espèces vivantes (arrêtons de nous laver les mains, nous génocidons à chaque fois une population de bactéries, qui sont tout de même nos cousines, même éloignées).

Wiktor Stoczkowski avait il y a déjà de nombreuses années livré une réflexion très intéressante sur le sujet, que je vous invite à lire ou à relire.

Luc Allemand

25/09/2009 | 

Une chronique radio

Noémi Mercier, journaliste pour notre confrère Québec Science, tient depuis maintenant un peu plus d'un an la rubrique "Lu d'ailleurs" de La Recherche. Elle écrit bien, et elle parle pas mal non plus. Elle donne maintenant une chronique sur Radio-Canada. La première livraison est ici.

Luc Allemand

24/09/2009 | 

Le génome universel

Une soirée bien agréable à l'Ecole Normale Supérieure, rue d'Ulm. L'Américain Spencer Wells tenait le micro pour promouvoir devant un parterre d'étudiants le film documentaire qu'il a tourné avec National Geographic à propos de son projet Genographic. Je résume : il tente de séquencer génétiquement le maximum de personnes sur Terre, en visant en particulier les populations "autochtones". Son objectif : reconstituer les migrations de la population mondiale depuis les origines. Le film passera le 8 novembre sur National Geographic Channel (personnellement, je ne reçois pas ça, même avec la TNT).

Plus intéressant, il n'était pas tout seul à la tribune. Luis Quintana-Murci, l'un des très bons généticiens des populations du CNRS, est responsable du projet pour l'Europe de l'Ouest, et il a fait une présentation assez nuancée des possibilités de ces études. Fernando Ramirez-Rozzi avait il y a deux ans pointé des limites de ce genre d'exercice dans un article de La Recherche.

Luis a aussi soulevé des questions d'éthique. Toutes les personnes auxquelles on prélève de l'ADN doivent en effet signer un consentement. Certains participants ont ainsi demandé que leur ADN soit détruit sitôt le séquençage réalisé. D'autres ont accepté qu'il soit conservé 5 ans. D'autres encore n'ont pas donné de limite. J'ai été particulièrement sensible à cet aspect. Nous avions en effet passé du temps ces jours-ci à la rédaction à rechercher des illustrations pour un article qui paraîtra dans le numéro de novembre (il va falloir patienter un peu, celui d'octobre arrive tout juste dans les kiosques) et dans lequel il est question, entre autres choses, de tels prélèvements d'ADN. Eric Crubézy, principal auteur de l'article, n'a pas pu nous fournir de photographies de ces prélèvements, qu'il a pourtant réalisés lui-même dans plusieurs régions du monde. Non qu'il n'en ait pas, mais le sujet est assez sensible pour qu'il refuse de les publier, ou alors en floutant les visages...

Luc Allemand

17/09/2009 | 

Grippe A : qui vacciner ?

Face à la menace A(H1N1), qui faut-il vacciner en priorité ? Les jeunes ? Les personnes agées ? Les femmes enceintes ? Dans le milieu médical, la question est loin de faire l'unanimité. A ce propos, et pour faire suite à l'entretien que nous a accordé en septembre l'épidémiologiste Antoine Flahault, je vous conseille de lire l'un des derniers billets postés par cet expert sur son blog.

C'est direct et sans détour : pour Antoine Flahault, on est loin d'avoir prouvé qu'une vaccination des jeunes en priorité ( ce que les Etats-unis ont semble-t-il décidé de faire) soit la meilleure stratégie contre le virus A(H1N1). Sur ce blog, on découvrira également les résultats en ligne de la modélisation mathématique de l'épidémie. Trop compliqué ? Non, plutôt digeste, à condition d'avoir lu au préalable son interview dans ...La Recherche !

Sylvie Gruszow

16/09/2009 | 

EUCYS 2009 : les résultats

Avant que Jérémy, fidèle blogueur, ne nous relate sa vision de l'événement, offensons quelque peu sa modestie et celle des ses deux compères en annonçant qu'ils ont reçu un deuxième prix au concours EUCYS qui s'est terminé hier. L'équipe toulousaine a, elle, reçu le "prix CEA" pour sa présentation sur les ferrofluides.

Les premiers prix ont été attribués à deux Irlandais, pour un travail sur le comptage de cellules dans le lait ; un Suisse, qui a mis au point un avion capable de s'arrêter et repartir en marche arrière ; et deux Polonais, pour une étude sur un manipulateur optique.

Tous les résultats sont .

Luc Allemand

11/09/2009 | 

Coup de froid

En juin 2000, le britannique Andy Goldsworthy a apporté des boules de neige géantes (une tonne chacune) dans les rues de Londres, et les a laissées fondre. Il avait collecté cette neige, pendant les deux hivers précédents, près du village écossais où il vit. Geste artistique singulier et éphémère. J'y ai fortement pensé devant l'exposition « Performance à froid » présentée les 12 et 13 septembre au Laboratoire, installé au centre de Paris. David Burrows, Charlotte Charbonnel et Delphine Chevrot y ont en effet installé une oeuvre « miroir » des boules de neige de Goldsworthy. Une machine installée au plafond émet un brouillard d'eau, froid. Celui-ci, plus lourd que l'air environnant, tombe sur une structure réfrigérée au-dessous de zéro, et se transforme en givre. Colonne mouvante et éphémère.

Le Laboratoire se veut un lieu où se rencontrent l'art et la science. Pas étonnant donc d'y trouver des oeuvres dont l'existence et la signification sont étroitement liées à la mise en oeuvre de principes physiques. Chacun des trois artistes a d'ailleurs créé sa propre installation sur le même thème du froid. J'ai préféré celle où une cage thoracique en tubulure réfrigérante congèle et laisse fondre alternativement l'eau qui s'écoule lentement à sa surface.

Moins convaincant est le prétexte de cette exposition : le lancement par une grande marque de lessive (dont, il y a bien longtemps, les clientes ne voulaient pas échanger un seul baril contre deux barils d'une lessive anonyme) d'une lessive-gel qui lave « à froid ». Inutile toutefois de l'emporter en camping si vous devez casser la glace au lavoir le matin : elle n'est active qu'à partir de 15°C. La partie de l'exposition consacrée à la lessive en question est plutôt décevante, et ne révèle pas grand chose de la physico-chimie à l'oeuvre. Comble du ridicule, j'ai assisté en direct à une démonstration de l'efficacité du produit de la plus belle rhétorique publicitaire : une jeune femme charmante a sali avec du chocolat deux morceaux de tissu, puis les a placé dans deux récipients munis d'agitateurs, dont l'un contenait le gel miracle, et l'autre un « produit ordinaire trois fois moins concentré ». Evidemment, l'un des deux tissus est ressorti plus blanc que l'autre... Pour l'instant, on pourra toujours relire l'article publié par La Recherche en octobre 2003, et qui révèle, lui, Les secrets du linge bien lavé.

Luc Allemand

26/08/2009 | 

Un site sur la vie marine

Un lecteur nous a écrit pour nous dire qu'il avait apprécié le Dossier de La Recherche consacré à la mer (encore en vente chez tous les bons marchands de journaux). Merci à lui.

Mais surtout, il nous a fait part de l'existence d'un site (dont il est l'un des animateurs) qui se veut une base de données la plus complète possible sur la faune et la flore marine.

Lire la suite " Un site sur la vie marine " »

11/08/2009 | 

La plus belle équation du monde ?

Cédric Villani, jeune mathématicien d'une trentaine d'années, vient de recevoir le prix Henri Poincaré décerné par l'International Association of Mathematical Physics. Comme le fait remarquer un communiqué de presse reçu ce jour du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, il est le 3eme français à recevoir ce prix, après Maxim Kontsevich et David Ruelle.
A la Recherche, en 2005, nous avions interviewé Cédric Villani, et lui avions demandé quel était le savant qui l'avait marqué pendant ses années d'études. "Pendant ma thèse, je ne pensais qu'à l'équation de Boltzmann" nous avait-il répondu. Et d'ajouter "C'est la plus belle équation du monde, un véritable cadeau des physiciens aux mathématiciens". Pour rappel, cette équation sert notamment à décrire les profils de température et de pression au voisinage d'un avion ou d'une navette spatiale dans la haute atmosphère.
Pour en savoir plus : ici la page de Cédric Villani et , un workshop consacré à l'équation de Boltzmann. Très bonne lecture !

Sylvie Gruszow