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11/06/2009 |

Un pôle de compétitivité complice d'une tentative d'escroquerie?

J'ai reçu hier un communiqué de presse émanant du Pôle de compétitivité DERBI, consacré aux énergies renouvelables en Languedoc-Roussillon, et de Mar-Tech & Finance, société de conseil en création d'entreprise. Ce communiqué m'alerte sur les dangers du réchauffement climatique, et sur l'urgence de réduire notre consommation de combustibles fossile. Banal en ces temps de "Home" à tout va. Mais ce qui m'a plus intéressé, c'est la solution proposée par la société (non nommée) parrainée par ces deux organismes :

 "Nous transformons l'eau en une source d'énergie totalement propre. Techniquement, la molécule d'eau est " crackée " en hydrogène et en oxygène dans une sorte de chambre de " crackage " brevetée, à l'entrée habituelle du mélange air-essence d'un moteur à explosion classique. De sorte qu'est consumé dans le moteur à explosion l'hydrogène, et évacué du pot d'échappement seulement de l'oxygène."

Un groupe électrogène fonctionnant sur ce principe est disponible pour la modique somme de 1500 € HT!

J'ai relu avant de rire. Le moteur à eau n'est pas une nouveauté, mais expliqué comme ça, je n'y aurais pas pensé. J'ai aussi vérifié : aussi bien le Pôle de compétitivité que Mar-Tech m'ont confirmé que leur nom n'a pas été usurpé.

Je me souviens pourtant très bien de l'expérience du "mélange tonnant" réalisée par mon professeur de technologie de 4eme : après avoir électrolysé de l'eau et récupéré dans un tube deux tiers d'hydrogène et un tiers d'oxygène en volume à chaque électrode de l'électrolyseur, il avait approché une flamme de l'ouverture du tube et... boum! Une explosion. Je me souviens aussi qu'en 1ere, la professeure de physique-chimie nous avait illustré la catalyse en remplaçant, dans le même type d'expérience, la flamme par de la mousse de platine : boum!

Pas de doute, donc, la combinaison de l'hydrogène et de l'oxygène pour former de l'eau dégage de l'énergie. Et pour décomposer l'eau en ces gaz, il faut en fournir (de l'énergie), sous forme d'électricité par exemple, ou de chaleur (on lira dans La Recherche de juillet, rubrique Actualités-Technologie, que ce n'est pas si facile). C'est d'ailleurs pour étudier la conservation de cette énergie que William Groove a fabriqué la première pile à combustible en 1839.

Alors, doit-on penser que les responsables de DERBI et de Mar-Tech ont séché les cours de science au collège et au lycée (quand on vous dit que les gens n'aiment pas la chimie!)? Le mystère reste pour moi entier. Mais si j'étais responsable à l'université de Perpignan, au CNRS en Languedoc-Roussillon ou à l'ADEME (tous organismes membres du Pôle de compétitivité), je m'inquiéterais tout de même de leurs activités.

Luc Allemand

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