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08/09/2010 |

Fouiller

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Pour paraphraser un pêcheur à la truite fameux je dirai que je fouille parce que j’aime fouiller ; parce que j’aime ces moments de découverte et d’excitation intellectuelle intense même s’ils sont précédés de longues phases de préparation et parfois suivis inévitablement de moments de déception, vite oubliés car suivis de nouveaux espoirs. J’aime les lieux splendides où nous sommes passés et les personnages que nous y avons rencontré. J’aime suivre Vassili au soleil couchant lorsqu’il m’entraine vers l’une de ses nouvelles découvertes, une tombe, il en est certain, extraordinaire, à fouiller dès l’aube, dans quelques heures. J’aime arriver sur un plateau et y découvrir surplombant une rivière, un tombeau médiéval, une fosse, un lieu d’autrefois. La fouille est pour moi une inépuisable source de joies et de connaissances et à un moment ou tant d’entre nous perdent leur vie dans la mise au point de théories bâties sur du déjà connu ou sur des hypothèses guères étayées, la fouille renouvelle nos connaissances, notre vision du monde, du passé, de l’environnement mais aussi des autres. Si la Sibérie, terre exotique pour nombre d’entre nous, a été l’occasion de ce blog, la joie a toujours été la même, en Egypte avec Béatrix, en Mongolie avec Pierre-Henry, mais aussi près de Carcassonne quand Henri nous apprenait les bases de l’ostéologie et Jean Guilaine celles de l’archéologie, sur le Larzac avec Rémi et l’ami Jean lorsque nous fouillions une sépulture collective et trouvions des tumulus par dizaines, en milieu urbain, à Montpellier lorsqu’avec Jean-Claude Hélas nous nous lancions dans la fouille des cimetières médiévaux, à Toulouse lors de la fouille d’enfeus et dans la vallée du Rhône lorsqu’avec Alain Beeching m’initiait aux fouilles extensives lors de ce que l’on appelait encore « l’archéologie de sauvetage ». Chaque terrain apporte ses joies, ses découvertes, ses déceptions, ses à côtés qui constituent « le voyage ». Des histoires de chamans m’ont été racontées en tous lieux mais je ne les ai saisies qu’en Sibérie, à la tombée du jour lorsque celui qui les disait, sobre et sincère, commençait par « la nuit dernière, j’ai entendu les tambours… ». Quant à la bière, qui remplace si bien l’eau bouillie des petits lacs croupis, elle restera, jusqu’au bout du chemin, délicieuse servie dans un gobelet en fer émaillé à la lueur d’un feu de camps.

 

EC

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