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10 septembre 2013 |

L'art de gouverner

Blog glor

Avant que nous ne rendrions compte, dans ces pages et dans celles du mensuel, du prochain essai au Seuil de Christophe Bonneuil et de Jean-Baptiste Fressoz, L'événement anthropocène, La Terre l'histoire et nous, manifeste inaugural de la nouvelle collection «Anthropocène», mentionnons l’ouvrage collectif qui paraît presque au même moment à La Découverte, dans la série inaugurée par François Gèze des « autres » ou « contre » histoire revisitant les fausses certitudes du passé, Une autre histoire des « Trente Glorieuses ».

Le sous-titre imaginé par ses trois concepteurs, Christophe Bonneuil, Sezin Topçu et Céline Plessis, dévoile d’emblée l’ambition du projet : « modernisation, contestations et pollutions dans la France d’après-guerre » (312 p., 24 €). Il s’agit d’ « en finir avec les “Trente Glorieuses” » ou plus exactement d’en finir avec le mythe positiviste de la croissance d’après-guerre, et de confronter cette période phare avec les problématiques actuelles de la résistance des sociétés et de la critique du progrès. Le résultat est saisissant, il s’agit bien d’une lecture radicalement nouvelle d’une histoire que l’on croyait connaître. Au cœur des interrogations se situe la question du pouvoir, du gouvernement et des institutions. Celles-ci ont pu mener à bien le redressement national et la modernisation de la France. Mais elles n’ont pas intégré, comme aujourd’hui dans les pays démocratiques grâce aux contestations civiles, le point de vue de « l’autre », le social, l’environnement, la planète, le cadre de vie, …   

Blog sezin

Cette question du gouvernement des choses et des sociétés est au cœur de la recherche de Sezin Topçu sur le mouvement antinucléaire français. Issue d’une thèse de sociologie, La France nucléaire. L’art de gouverner une technologie contestée (350 p., 21 €) qui paraît au Seuil souligne qu’il y a beaucoup à apprendre de ces contestations, « en termes de formes d’action à (ré)inventer et d’analyse politique à mener vis-à-vis des “pouvoirs” nucléaires, en vue de repenser les rapports entre atome, démocratie et société ». Ce à quoi « l’auteure de ce livre espère, à sa façon avoir contribué ». Ainsi la recherche en sciences sociales ne se limite-t-elle pas à des résultats et des données empiriques. Elle peut aussi modifier le réel sur lequel elle travaille, par la construction et la transmission d’une connaissance nouvelle et fondée. Ces rapports à repenser commencent par l’accès à l’information. A lire Sezin Topçu, il semble que les organismes nucléaires publics aient développé des procédures visant à décourager l’accès aux sources, pourtant par la loi sur les archives. « La difficulté d’accès aux archives […] doit dans ce cadre être soulignée », insiste Sezin Topçu. Cette contrainte a encouragé la chercheuse à plus d’audace dans la question des sources.

Vincent Duclert 

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