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décembre 2012

04 décembre 2012

La géographie, ça sert, d’abord, à faire la guerre

Blog lacoste
Publié pour la première fois en 1976 dans la « Petite collection Maspero », La géographie, ça sert, d’abord, à faire la guerre, n’était pas passé inaperçu. Le titre et la thèse étaient iconoclastes. Yves Lacoste montrait comment la géographie universitaire et celle qui était enseignée dans le secondaire refusaient à l’espace toute dimension politique, stratégique et militaire. Choisissant de réintégrer ces enjeux, il redéployait le savoir géographique de belle manière. Il pouvait s’appuyer pour ce faire sur la revue qu’il venait de créer, chez Maspero aussi, Hérodote, sous-titrée « Revue de géographie et de géopolitique ». Trente-six ans plus tard, La géographie, ça sert, d’abord, à faire la guerre est réédité (coll. « Cahiers libres », 248 p., 20 €) avec une préface inédite de l’auteur qui évoque la première réaction de François Gèze, patron de La Découverte : « Ce n’est pas un titre ! ». Le fameux « flair » de l’éditeur fut pour une fois pris en défaut. Car ce fut un bon et grand titre, désignant précisément ce que contenait le livre et allant au-delà avec son caractère de manifeste permanent. Yves Lacoste rappelle aussi que la phrase était apparue, quelques mois auparavant, dans le premier numéro d’Hérodote.

Blog hérodote
La réédition du livre s’accompagne justement d’une livraison spéciale de la revue, consacrée à « La géopolitique, des géopolitiques », analysant notamment les représentations contradictoires que se font du territoire les différents protagonistes des conflits. Co-fondatrice et, depuis 2006 directrice d’Hérodote, Béatrice Giblin introduit la réflexion en soulignant combien la géopolitique est « un raisonnement géographique d’avant-garde » tandis qu’Yves Lacoste revient lui aussi sur le rapport entre géographie et géopolitique (336 p., 26,50 €).

Vincent Duclert 

03 décembre 2012

Politiques du charisme

Blog monod

Publiée dans la collection « L’ordre philosophique », l’étude de Jean-Claude Monod sur les « politiques du charisme », auquel l’éditeur donna un titre troublant, Qu’est-ce qu’un chef en démocratie ? résonne dans l’actualité. Le Monde  a du reste publié dans son édition du week-end (1er décembre 2012) un entretien avec l’auteur qui s’ouvre sur un essai d’analyse de la crise qui secoue l’UMP. Si le XXe siècle a été, comme l’écrit Jean-Claude Monod, « celui des pathologies du charisme politique », là où « le culte du chef y aura atteint des dimensions d’autant plus fantastiques qu’il se soutenait d’appareils d’Etat, de moyens policiers, bureaucratiques, médiatiques, de répression, d’encadrement et d’embrigadement d’une sophistication et d’une extension jamais vues », qu’en est-il du chef dans les systèmes démocratiques censés incarnés l’intérêt général, l’égalité entre les citoyens, la délibération collective. Si la démocratie est tentée par l’homme providentiel et le culte du chef, c’est qu’elle accuse un déficit démocratique qu’il s’agit de surmonter, par exemple par une circulation du charisme qui redonnerait de la dignité à l’ensemble du corps civique (312 p., 21 €)

Vincent Duclert