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18 novembre 2011 |

Le retour des dissidents

Blog durand
Les derniers billets du Blog des Livres consacrés à la situation des libertés publiques et intellectuelles en Russie comme en Turquie soulignent que le temps des dissidents est revenu. Alors que la fin de l’Empire soviétique laissait imaginer que prendrait fin la persécution des intellectuels, chercheurs, écrivains ou artistes affirmant leurs libres choix de penseurs, on assiste, et particulièrement aujourd’hui, à un retour des dissidents – à la fois dans leur détermination à défendre les libertés démocratiques et dans l’acharnement des pouvoirs d’Etat à les faire taire. Ce phénomène n’est pas nouveau, surtout depuis que l’on a observé la mutation du soviétisme en ultra-nationalisme et la tentation équivalente de l’islamisme. C’est donc une bonne raison de relire le destin d’un des plus célèbres dissidents soviétiques, Alexandre Soljénitsyne dont Claude Durand, ancien PDG des éditions Fayard, fut l’agent pour le monde entier, et qui livre aujourd'hui son expérience après trente-sept ans d'une guerre sans fin pour défendre l'honneur littéraire et politique d'un homme. C'est à l'automme 1974 qu'Alexandre Soljénitsyne charge en effet personnellement l'éditeur français (à l'époque au Seuil) de veiller au destin de son oeuvre. Le livre que publie Claude Durand a débuté avec la commande par Georges Nivat, en vue d’une exposition à Genève, de « deux-trois feuillets sur [s]es relations agent/auteur avec Alexandre Soljénitsyne » qui ont fini en un livre de près de trois cents pages, vivant et baroque comme son auteur. Agent de Soljénitsyne (Fayard, 19 €) se lit comme un roman, plutôt policier car il a fallu à Claude Durand tout le talent et l'énergie pour démêler l’écheveau inextricable des droits et des éditions, et pour contrer toutes les manœuvres vénales ou politiques s’acharnant sur l’auteur. Durand a compris que l’œuvre littéraire pouvait devenir une arme en défense de l’écrivain dès lors qu’elle était organisée comme telle, pensée dans sa cohérence, étendue sur le monde entier. C’était la meilleure façon de soutenir la dissidence de l’intellectuel comme de retrouver la vérité de son œuvre. L’expérience de Claude Durand ici retracée dans un livre attachant et sincère doit servir au temps présent où la persécution des dissidents reprend, après quelques années de liberté, en Russie comme en Turquie. Et pour ne pas parler de la Chine ou de l’Iran où jamais cette persécution n’a cessé.

Vincent Duclert

Dans son avant-propos, Claude Durand salue ses amis de Fayard, ses amis passeurs entre les cultures russes et françaises, et ses amis traducteurs et traductrices. Bref, un temps de combat, de travail,et d'amitié aussi.

 

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