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juillet 2011

16 juillet 2011

Dans l’intimité des frères Caillebotte

Blog caillebotte 
L’exposition présentée par le musée Jacquemart André sur le peintre Gustave Caillebotte et son frère Martial, photographe, a connu un énorme succès. Elle a fermé le 11 juillet (elle avait été auparavant offerte par le Musée national des beaux-arts du Québec). Même les titulaires de cartes d’accès prioritaire au musée devaient attendre sur le boulevard Haussmann, à l’ombre des arbres, dans une bonne ambiance.

Blog caillebotte homme balcon 
L’exposition commençait du reste dès ce temps d’attente, sur le trottoir parisien puisque Gustave Caillebotte, cet artiste, mécène, collectionneur d’art, représenta souvent, du haut des balcons ou depuis les avenues, le quartier nouveau – entre Europe et Etoile - qui symbolisa pour beaucoup la Belle Epoque.

Blog caillebotte bateaux 
C’est bien être au plus proche de « l’intimité des frères Caillebotte » (Flammarion, 240 p., 39 €), dans leur regard sur le monde proche et lointain au tournant du siècle. L’intérêt de l’exposition tint dans cette reconstitution de la vie d’une famille exceptionnelle et de son mode de vie de vie tout à la fois très urbain et séquanien, au fil des splendides demeures qui, le long de la Seine, jalonnèrent son histoire. En amateurs éclairés, les Caillebotte furent de remarquables jardiniers, des skippers hors-pair au point d’imaginer et de faire construire des voiliers taillés pour les régates.

Blog caillebotte peintres 
Ils étaient curieux de tout, les photographies de Martial et les peinture de Gustave le révélant, de la modernité industrielle comme la technique photographique elle-même ou bien le pont métallique de l’Europe surplombant la gare Saint-Lazare, de la forme moderne des villes et des longues façades des immeubles haussmanniens jusqu’aux petits métiers de dur labeur, raboteurs de parquet ou peintres sur leurs échelles.

Blog caillebotte pont 
Les frères Caillebotte incarnent la richesse et la curiosité d’un monde aujourd’hui disparu, où des élites avaient à cœur d’écouter la respiration du monde, du temps et de la société, où elles étaient soucieuses du bien public et du rayonnement de la République. Gustave avait décidé de léguer à l’Etat son extraordinaire collection de toiles impressionnistes, dont Le Bal du Moulin de la Galette d’Auguste Renoir, toile que l’on aperçoit dans l’autoportrait de Caillebotte dans son atelier. La toile est en arrière-plan, remarquable et lumineuse dans ses roses et bleus. Pourtant, le directeur des Beaux-Arts Henri Roujon refuse les soixante-sept œuvres du legs, dont Renoir a la responsabilité en tant qu’exécuteur testamentaire de son ami décédé. On est en 1894. Après deux ans de négociations, l’Etat se décide finalement pour Le Bal de Renoir et trente-sept autres tableaux. Mais des œuvres majeures de Sisley, Monet ou Pissarro échappent à la France. Insensible à la modernité exceptionnelle de la collection, Henri Roujon avait guidé son choix sur des motifs anecdotiques. Sur le Bal du moulin de la Galette, il s’est plu ainsi d’y reconnaître un de ses amis peintres, comme le relève Renoir lui-même : « La seule toile de moi qu’il admit de confiance… parce que Gervex y figurait. ».

Des toiles d’Henri Gervex, on en découvre une dans l’exposition Edouard Manet au Musée d’Orsay, de même qu’on aperçoit dans le portrait d’Emile Zola exécuté par l’inventeur du moderne, une copie, peut-être une photographie du même tableau (Le Bal) accrochée au dessus du secrétaire de l’écrivain. La peinture est un petit monde et un monde de suggestions inépuisable pour la vie présente, comme la lecture à laquelle nous invite à réfléchir Marielle Macé (voir plus bas).

Sur ces paroles pleines d’espoir pour le livre et la lecture, la peinture et la vie, nous prenons congé des lecteurs du Blog des Livres de La Recherche. Retour des billets le 1er août, soit dans quinze jours à peine !

Vincent Duclert

Manet inventeur du moderne

Blog manet catalogue 
Edouard Manet, inventeur du moderne, tel est le fil de la superbe exposition qui s’achève demain au musée d’Orsay (il est encore temps, pour les Parisiens, de s’y rendre). Le commissaire Stéphane Guégan et toute la conservation ont illustré ce parti-pris par l’accrochage d’œuvres montrant les emprunts et les inspirations du prince de la peinture. Ce qui frappe, c’est la manière dont Manet, tout inspiré qu’il fut par les maîtres de la peinture, plongé dans un monde d’artistes et de courants artistiques (dont l’impressionnisme), inventa son propre style irréductible à tout, genres, influences, écoles. C’est cela, être moderne, affirmer à la fois son appartenance au monde et décider de son propre parcours jusqu’à en faire une œuvre d’art. L’esthétique imparable de Manet en fait un peintre profondément politique (Manet, inventeur du moderne, catalogue dirigé par Stéphane Guégan, Gallimard, 297 p. 40 €).

Vincent Duclert

 

« Donner un style à son existence, qu’est-ce à dire ? »

Blog Macé Liseuse 1879 80 
« Il n’y a pas d’un côté la littérature et de l’autre la vie, dans un face-à-face brutal et sans échanges qui rendrait incompréhensible la croyance aux livres […]. Il y a plutôt, à l’intérieur de la vie elle-même, des formes, des élans, des images et des manières d’être qui circulent entre les sujets et les œuvres, qui les exposent, les animent, les affectent. La lecture n’est pas une activité séparée, qui serait uniquement en concurrence avec la vie : c’est l’une de ces conduites par lesquelles, quotidiennement, nous donnons une forme, une saveur et même un style à notre existence. »

« Donner un style à son existence, qu’est-ce à dire ? Ce n’est pas le monopole des artistes, des esthètes ou des vies héroïques, mais le propre de l’humain : non parce qu’il faudrait recouvrir ses comportements d’un vernis d’élégance, mais parce que l’on engage en toute pratique les formes mêmes de la vie. L’expérience ordinaire et extraordinaire de la littérature prend ainsi place dans l’aventure des individus, où chacun peut se réapproprier son rapport à soi-même, à son langage, à ses possibles : car les styles littéraires se proposent dans la lecture comme de véritables formes de vie, engageant des conduites, des démarches, des puissances de façonnement et des valeurs existentielles. »

Voici un texte parfait, qui dit combien la lecture, exercice simple, proche, intime, offert à toutes et à tous, sans limites, sans entraves. Elle transforme nos vies, bouleverse nos existences, fait que nous devenons différents, plus profonds, que nous pensons plus loin, ailleurs, au-delà. Que nous sortons de nous-mêmes, que nous approchons de insoupçonnées. Que nous allons vers des mondes inconnus, que nous rencontrons des êtres d’exceptions. Que nous découvrons les vertus de l’écriture ainsi transmises.

Blog macé 
Mais cela, cette métamorphose à laquelle nous convie le livre, elle suppose de réfléchir au pouvoir de la lecture, à son déploiement dans les vies ordinaires. Marielle Macé, chargée de recherche au CNRS, auteure en 2006 d’une belle étude sur Le temps de l’essai (éditions Belin), nous y invite dans un remarquable essai, très original, courageux, merveilleusement écrit. Façons de lire, manières d’être (Gallimard, coll. « NRF essais », 288 p., 18,50 €). La lecture est dans la vie, il faut y penser sans cesse, et en cela, elle est la vie même, sauvée du temps qui l’entraîne dans l’oubli. Le livre et l’écriture dont il procède restituent le plus précieux, une invitation intime et universelle à sculpter sa vie, à révéler la « statue intérieure » de notre être plongé dans l’expérience, la mémoire et le temps. Au lecteur, « chaque forme littéraire ne lui est pas offerte comme une identification reposante, mais comme une idée qui l’agrippe, une puissance qui tire en lui des fils et des possibilités d’être. Il s’y trouve suspendu à des phrases, à ces forces d’attraction qui nourrissent en continu son propre effort de stylisation. »

Blog macé manet la lecture 
Pas besoin d’être écrivain pour atteindre le temps retrouvé, il suffit de lire La recherche du temps perdu. Marcel Proust occupe, on s’en doute, une place importante dans la réflexion de Marielle Macé. « Si Marcel, le héros de Proust, se tourne en permanence vers des livres, s’il s’emploie lui aussi à les faire rayonner dans la vie, et s’il engage dans ses lectures tout son effort existentiel, ce n’est pas non plus parce qu’il serait d’une autre nature – ce n’est pas seulement pour devenir écrivain et s’y séparer des formes de l’existence commune. Non, pour eux comme pour nous, c’est dans la vie ordinaire que les œuvres d’art se tiennent, qu’elles déposent leurs traces et exercent durablement leur force. »

On remercie Marielle Macé pour ce livre, au seuil d’un été de lectures et de vie, d’avoir écrit ce livre limpide et lumineux, comme le soleil qui frappe la surface des flots et transforme l’eau en émeraude.

Vincent Duclert

Et, pour illustrer Façons de lire, manières d’être, on ne résiste pas au plaisir de convier Edouard Manet au festin, avec La liseuse (1879-1880), avec La lecture (1865-1873).

13 juillet 2011

Sociologie de la jeunesse

Blog galland 
Comme Martine Aubry, François Hollande a présenté hier à Paris son équipe de campagne en vue des primaires socialistes à la présidentielle 2012. Dans sa brève allocution à la Maison de l’Amérique latine, il a souligné l’importance de la jeunesse dans sa vocation au renouveau du pays et de la société*. Cela tombe bien puisque les éditions Armand Colin publient la 5e édition de Sociologie de la jeunesse (coll. « U », 250 p., 26,30 €), par Olivier Galland, directeur de recherche au CNRS (Groupe des méthodes de l’analyse sociologique). L’ouvrage, qui se veut aussi bien un manuel à destination des étudiants qu’un essai pour les chercheurs et le public éclairé, s’ouvre sur le défi de toute perspective de sciences sociales : penser son objet, « penser la jeunesse, ou plutôt tenter de comprendre comment la jeunesse a été pensée au cours de l’histoire, comment se sont formées, transformées et sédimentées les représentations qui vont aboutir à l’image que nous nous formons d’elle aujourd’hui ». Pourquoi une réflexion de cet ordre ? s’interroge le sociologue, une réflexion quin notons-le, emprunte les chemins de l’histoire. « Tout d’abord parce que la sociologie d’une catégorie sociale ne se comprend pas sans une tentative d’analyse de sa formation historique ; en second lieu parce que la sociologie est une façon parmi d’autres, même si elle se veut savante, de penser le social, et qu’elle ne peut prétendre échapper à l’influence d’un contexte social et historique particulier ; s’il faut donc faire la sociologie historique de la jeunesse, il faut aussi faire l’histoire des façons de penser la jeunesse. »

Vincent Duclert

Olivier Galland est aussi l’auteur des Jeunes, une synthèse en 128 pages de la collection « Repères » de La Découverte (7e édition, 2009)

* « Durant toute cette période j’ai mis en avant un engagement majeur, une grande cause qui sera le thème fédérateur des élections présidentielles : la jeunesse. À travers elle, je m’adresse au pays tout entier pour porter le rêve républicain celui qui promet à chaque génération de vivre mieux que la précédente. Promouvoir la réussite des jeunes, investir dans l’avenir, réconcilier les âges, c’est montrer que la France a un destin, qu’elle est fière de ses valeurs. » (François Hollande, 12 juillet 2011).

 

10 juillet 2011

Une « légende urbaine »

Blog pincon 
Dans un entretien à Libération (samedi 9 et dimanche 10 juillet 2011), le conseiller spécial du président de la République Henri Guaino a rejeté les supputations sur « Sarkozy président des riches ». Il s'agit d'une « légende urbaine », a-t-il déclaré (p. 9). Les sociologues et anciens directeurs de recherche au CNRS Michel et Monique Pinçon, auteurs de Le président des riches. Enquête sur l’oligarchie dans la France de Nicolas Sarkozy (La Découverte/Zones, 2010, 223 p., 14 €), ont démontré le contraire dans un ouvrage fort documenté – et dont la méthode même oppose un démenti aux déclarations d’Henri Guaino : « Conserver la chronologie des événements, leur enchaînement, la trace des déclarations tonitruantes, est le moyen de mettre en évidence les tours de passe-passe d’un pouvoir déguisé en magicien ». Dommage que le conseiller spécial n’ait pas répondu aux sociologues. Au moins la sociologie aurait-elle été à l’honneur dans le débat public !

Vincent Duclert

 

07 juillet 2011

Séquence Polar. L'espoir fait vivre et autres Lee Child

Publiées par les éditions du Seuil dans leur précieuse collection « Policiers », les enquêtes de Jack Reacher imaginées par l’anglo-américain Lee Child, sont passionnantes. Il est vrai que cet ancien détective dans la police militaire, désormais sans attaches sinon d’anciennes camaraderies qui le mèneront à reprendre du service (dans La Faute à pas de chance, paru l’année dernière, que je recommande), a le chic pour se mettre dans des situations impossibles. On l’a croisé sur la 6e Avenue de New York, dans un café « à égale distance de Bleeker Street et Houston Street », témoin d’une scène apparemment banale qui allait l’entraîner dans une défense héroïque de la veuve et de l’orphelin (Sans douceur excessive, 2009). Lee Child s’est donné un personnage à la mesure de son écriture. L’écrivain aime les lieux, les villes, les avenues. Jack Reacher les arpente sans relâche, chaque sens toujours aux aguets.

Blog hopp3 
Traduit par Jean-François le Ruyet, Nothing to loose (L’espoir fait vivre, 518 p., 23 €) nous emmène dans l’Etat du Colorado, sur la route qui sépare plus qu’elle ne relie deux bourgades, Despair et Hope. Alors qu’il patiente dans un café-restaurant de la première, il est brutalement arrêté, condamné par le juge local pour « vagabondage » et déposé manu-militari à la limite des deux communes, avant d’être réceptionné par la police locale de Hope, en l’occurrence une femme-flic à bord d’une puissante Ford Crown Victoria. Une complicité se développe entre le solitaire Reacher et la troublante Vaughan qui porte le secret de la mort cérébrale de son mari blessé en Irak et rapatrié dans un sinistre hôpital.

Blog hopp 4 
Avec des airs de route de Madison (le film de Clint Eastwood où l’acteur bouleverse le destin de Meryl Streep quelques jours suspendus au-dessus de la banalité de l'existence), Nothing to loose déroule son rythme lent et décisif sur fond de bout du monde. « Question de principe » (sa liberté de circuler sans qui il n’existerait pas), Reacher retourne bien évidemment à Despair pour découvrir les mystères de cette ville interdite aux étrangers. Elle est sous le contrôle des propriétaires d’une énorme usine de récupération de métaux issus de carcasses de voitures. Un complexe bien étrange. Des Hummer de l’armée américaine eux aussi revenus d’Irak surveillent l’usine : car celle-ci traite aussi dans le plus grand secret le matériel détruit par les obus américains à uranium appauvri.

Blog hopp 2 
Au milieu d’incessants va-et-vient entre les deux villes, de jours comme de nuit, dans de vieux 4 x 4 ou dans les Crown Victoria type interception de la police de Hope, Reacher imprime sa marque aux paysages désertiques du Colorado autant qu’à ses communautés presque immobiles. Plus rien ne sera comme avant après son départ vers le sud, « mille six cents kilomètres jusqu’à San Diego ». Les lieux et les silhouettes des tableaux de Hopper ont pris vie, malgré l’absence des êtres chers, avec la guerre au loin, et dans la solitude de l’Amérique profonde. Un très beau roman, peut-être plus pour son univers littéraire que pour son intrigue policière.

Vincent Duclert

 

04 juillet 2011

Jours de fête

Blog lalou 2 
Alors que les citoyens des Etats-Unis célèbrent aujourd’hui la fête nationale du 4 juillet ou Independence Day, anniversaire de la Déclaration d’indépendance des colonies américaines à l’encontre de la couronne britannique du 4 juillet 1776, les Français peuvent préparer la leur en se plongeant dans l’étude ample et précise de Jacqueline Lalouette sur les « Jours fériés et fêtes légales dans la France contemporaine » (Tallandier, coll. « Histoire contemporaine », 392 p., 23,90 €). L’historienne s’intéresse notamment à la permanence, dans le temps de la fête nationale du 14 juillet, des jeux populaires et des pratiques ancestrales tels la course en sac, le jeu du ciseau, le mat de cocagne, ou bien, plus violentes et même barbares, le lynchage des oies et autres calvaires d’animaux. La République, qui n’a pas su ou pas voulu rompre avec ces héritages, aurait alors échoué dans sa volonté d’instaurer « une véritable éducation civique au moyen des fêtes ». Ce mouvement de dépolitisation de la fête nationale s’est accentué avec la montée des loisirs et de leur civilisation. Il reste que les fêtes nationales et les jours fériés ont bien une fonction, qu’elle soit celle qui leur a été attribuée ou bien celle qu’ils se sont donné dans la trame des sociétés et des représentations.

Vincent Duclert

Représentation de couverture : Raoul Dufy, La fanfare, 14 juillet, Musée du Havre

 

01 juillet 2011

L’homme préhistorique en morceaux

Blog coppens 
Yves Coppens publie chez Odile Jacob Pré-textes. L’homme préhistorique en morceaux (397 p., 22,90€). Il s’agit d’un recueil formé par des préfaces, leçons inaugurales, discours, allocutions, tous ces « textes courts maniant synthèse et anecdote, éloge et humour, fond solide et forme légère » qui jalonnent une carrière bien faite et de grand chercheur et d’éminent professeur. Mais « il ne s’agit pas d’une simple "compil", souligne le préhistorien : ces "morceaux" ont été soigneusement triés et organisés en thèmes se rapportant aux hommes fossiles que j’ai toujours fréquentés, souvent cherchés, parfois trouvés et aux produits artisanaux, ou artistiques (ou les deux) de leur esprit ; c’est un vrai livre de paléoanthropologie et de préhistoire qui fait le tour des sujets servis par ces disciplines ». Le souhait d’Yves Coppens, à travers une telle publication (qui fait suite à Pré-ambules. Les premiers pas de l’homme déjà publié par Odile Jacob en 1988), vise à ce que « le lecteur, et notamment le jeune lecteur, trouve dans ces textes la passion de la recherche, l’éclat de ses résultats et l’élégance de ses démonstrations, en d’autres termes l’esprit scientifique tel qu’il m’a séduit, tel que je l’ai vécu et continue, bien sûr, de le vivre ». L’ouvrage est organisé en quatre parties qui définissent sa vocation de pédagogie des savoirs et de la recherche. Il s’ouvre sur les « disciplines » à l’œuvre pour connaître et comprendre l’homme préhistorique, de la paléolobiologie à la paléopathologie et son histoire. Suivent la présentation de l’entrée en scène de l’homme préhistorique – dont l’arrivée de Lucy, et l’évocation de « son esprit ». Enfin, Yves Coppens s’interroge sur ses peuplements, du Maroc au Brésil en passant par la région Alpes-Côte d’Azur ou la route de Louviers. La conclusion salue « l’homme qui a le premier passé le fossé du Rift africain, celui qui, le premier, a eu l’idée d’affréter un radeau, le premier homme qui s’est jeté dans le ciel, celui qui a défié les océans, les glaces, les forêts, les déserts, les montagnes ». Ce vrai livre de science exprime et illustre les raisons pour lesquelles le savant se passionne pour son sujet.

Vincent Duclert