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14 mars 2011 |

Tremblements de terre et tsunamis

Blog Japon AP 
La catastrophe naturelle qui a frappé le Japon le 11 mars a cumulé comme on le sait un tremblement de terre de magnitude 8,9 (à 9) sur l’échelle de Richter et un tsunami résultant notamment de la position de l’épicentre du séisme, sous la mer, à 130 km à l’est des côtes de la région de Sendai, à une profondeur de 24,4 km. Un épicentre situé sous le Japon proprement dit aurait paradoxalement limité la formation d’un tsunami dont on maîtrise moins bien la formation et l’impact qu’un tremblement de terre mieux connu au Japon. Les dégâts directs générés par celui du 11 mars ont été somme toute faibles, en tout cas sans commune mesure avec les conséquences de celui d’Haïti (12 janvier 2010) de magnitude pourtant inférieure (7 à 7,3). Le Japon a développé en effet des normes parasismiques de construction qui ont fait leurs preuves. La lutte contre les effets d’un tsunami est beaucoup plus aléatoire. Des brises lames peuvent réduire la force des vagues géantes mais sont incapables de juguler la soudaine montée des eaux ; l’effet des digues est aussi matière à question puisqu’une fois submergées et ne pouvant évacuer alors l’eau, elles accroissent l’ampleur des inondations. Le tsunami est aussi la cause du risque de catastrophe nucléaire ; c’est lui qui a fortement endommagé les systèmes de refroidissement des centrales situées sur le littoral. La première des précautions serait de ne pas construire sur ces zones, du moins de ne pas construire d’habitations permanentes ; mais le Japon souffre cruellement d’un manque d’espaces constructibles ; une grande partie de l’archipel est occupée par les massifs montagneux. L’évacuation rapide des zones menacées est une solution. Encore faut-il que l’épicentre soit suffisamment éloigné des côtes, comme ce ne fut pas le cas le 11 mars : les vagues de 10 mètres de haut ont mis quelques dizaines de minutes à toucher le littoral de Sendai, ravageant les ports et les espaces intérieurs sur plusieurs kilomètres, prenant au piège des milliers de personnes qui n'avaient pas eu le temps matériel d'évacuer les zones à risques malgré l’alerte immédiate au tsunami. Chaque personne disparue devra être restaurée dans son identité, son destin, à l’heure du souvenir et du recueillement. Les survivants et les vivants ne devront pas être oubliés non plus.

Blog trembl 
La conjonction des deux phénomènes, séisme et tsunami, est certes aléatoire mais elle est aussi connue. C’est ce que rappelle l’excellente étude du physicien Jean-Paul Poirier consacrée au tremblement de terre de Lisbonne le 1er novembre 1755 (Odile Jacob, 1005, 284 p., 25, 50 €). La catastrophe causa, d’après Voltaire, la mort de 100 000 personnes. Les estimations fiables, expliquent l’auteur, se montent aujourd’hui à 10 000 morts, soit 7% d’une population estimée à 150 000 personnes. Le tremblement de terre s’étant produit sur une faille sous-marine (la zone de fracture Açores-Gibraltar *), un tsunami en résulta ; les vagues atteignirent Lisbonne 30 minutes après l’onde de choc du séisme. D’une hauteur de 5 mètres, elles ne semblent pas avoir fait de dégâts considérables. Mais elles purent atteindre 15 mètres de haut à Cadix. Les contemporains furent frappés par la violence d’un séisme capable de détruire l’une des grandes capitales d’Europe. A l’effondrement des bâtiments s’étaient conjugués de nombreux départs de feu entraînant un énorme incendie dans la ville. L’impact du tsunami sur les représentations fut moins fort, même si la peur d’un engloutissement par la mer demeura prégnante. Les conséquences du tremblement de terre de Lisbonne étudiée dans l'ouvrage de Jean-Paul Poirier publié pour le 250e anniversaire du séisme furent considérables, tant sur le plan humain, matériel et économique qu’au plan intellectuel, spirituel et religieux comme l’atteste la querelle de l’optimisme et du problème du "mal sur la Terre" où s’illustrèrent notamment Voltaire et Rousseau.

Vincent Duclert

* Cette rupture entraîna un deuxième choc correspondant à la rupture de la faille de la basse vallée du Tage qui traverse Lisbonne.

Photographie Tadashi Okubo/AP

 

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