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22 novembre 2010 |

Mer noire

Blog largo 
Voici de la BD à grand spectacle, mais ne boudons pas notre plaisir sur le Blog des Livres. Le tome 17 des aventures du milliardaire tout terrain Largo Winch mérite qu’on s’y arrête. D’abord parce que Mer noire (Dupuis, 48 p., 11,50 €) correspond aux vingt ans de la série et que, de surcroît, l’album multiplie les flash back en direction du premier tome, Le Groupe W, lorsque tout avait commencé pour ce jeune héritier sur les bords du Bosphore, à Istanbul, ou dans un village paisible de la discrète et riche Confédération helvétique. Il est toujours très intéressant de voir comment un scénariste, en l’occurrence Jean van Hamme, s’emploie à retravailler l’histoire qu’il a déroulée depuis vingt ans, comment il tisse des fils entre les albums, et comment le monde imaginé acquiert une profondeur inattendue. La seconde (bonne) surprise tient dans l’évocation de la situation mondiale, à travers un entretien fictif du jeune PDG au magazine Forbes et une longue lettre qu’il adresse à tous ses collaborateurs du Groupe W, alors que la crise financière a, « depuis le second semestre 2008 [...] handicapé durement toute l’économie mondiale ». Le scandale des subprimes est stigmatisé, l’insouciance des banques mondiales critiquée. Mais, écrit Largo, « grâce aux dispositifs que j’ai mis en place, nous allons tenter de limiter la casse. En jouant sur la solidarité. Comme vous le savez sans doute, mon but, en acceptant l’héritage de Nerio Winch, n’était pas de m’enrichir davantage mais bien de préserver l’emploi et la qualité de vie des cinq cent mille travailleurs du Groupe ». Cette solidarité humaine, le héros de Mer noire en aura besoin puisque la holding est victime d’une opération criminelle de déstabilisation financière, sur fond de trafic d'armes et de terrorisme international. Lui-même se retrouve aux Etats-Unis avec « les fédéraux aux fesses », accusé de complicité dans un double meurtre crapuleux. Plongeant dans l’enquête, il parvient à gagner la Suisse. La piste suivie l’entraîne en Turquie, sur les bords de la mer Noire. Et l’album s’achève sur l’image d’un cargo quittant le port de Trébizonde, avec Largo prisonnier à son bord. Le dessin, très cinématographique, de Philippe Francq, restitue à la perfection la tension de l’intrigue et le mouvement des personnages, particulièrement les proches de Largo, sa pilote de jet Silky, ou le flamboyant et gaffeur Simon appelé à la rescousse comme toujours. On attend la suite, évidemment !

Vincent Duclert

 

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