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16 novembre 2010 |

L'homme à tête de chou

Blog luc 
La lecture de L'homme qui ne voulait pas mourir (voir le billet du 12 novembre dernier) m'a rappelé que j'avais mis de côté l'an dernier un album de bande dessinée assez proche par la thématique : Macula Brocoli, d'Alexandre Franc et Laurent Alexandre (Champaka, 64 p., 11,90€). Je l'ai relu, et il est, heureusement pour mon moral, moins pessimiste, quoiqu'assez mélancolique.

Soient donc deux frères jumeaux homozygotes. Edgar, est technophile, amateur de femmes, en recherche incessante de progrès ; Edmond, préfère travailler à la bibliothèque, lire Tocqueville, dont il cite la sagesse à longueur de page. Il aurait aussi voulu aimer Claire, mais Edgar, abusant de leur ressemblance, a pris sa place, et la jeune femme est partie. Jusque là, tout est classique (les auteurs ont-ils lu Les météores, de Michel Tournier? On pourrait le croire). Mais la technique entre en scène : dans ce futur peut-être pas si lointain, l'assurance maladie exige que chacun fasse séquencer son génome, afin de connaître les maladies auxquelles il est prédisposé. Il sera ainsi à même de s'en prémunir en prenant des mesures adéquates. Edmond refuse, mais Edgar accepte avec enthousiasme. Leur identité gémellaire les lie : ils ont tous deux un gène de prédisposition à la dégénérescence maculaire liée à l'âge (une maladie oculaire). Leurs destins vont pourtant se séparer. Tandis qu'Edmond accepte le risque et tente de vivre sans Claire, Edgar recourt à la technique une fois de plus. Grâce à la thérapie génique, il se fait ajouter un gène de brocoli, qui produit de la lutéine, protéine censée le protéger de la maladie. Puis il subit un traitement qui ralenti son horloge biologique : il vieillit si lentement qu'il a à peine plus de 30 ans alors que son frère dépasse les 60.

Le récit ne choisit pas entre les deux frères. Chacun exprime des valeurs différentes, antagonistes même, en citant, finalement, le même Tocqueville. Le lecteur est renvoyé à ses propres choix, en fonction de ses convictions ou de son expérience. Un livre que l'on pourrait faire lire (le style est adapté) à de grands adolescents. Ceux-ci seront, sans nul doute, confrontés à des situations proches de celles qui y sont évoquées. Et ils devront faire des choix, collectifs et individuels.

Luc Allemand

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bonjour, et merci de votre billet. Je n'ai pas lu Les Météores, mais je cours l'acheter !

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