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10 novembre 2009 |

« Je suis libre »

Blog gossiaux
Le monde s’est donc réveillé ce matin après un événement aussi attendu que ne l’était pas celui que l’on commémore, la chute du Mur de Berlin. Il est certain que cet événement a représenté un recul des tyrannies d’Etat, du délire idéologique et du cynisme des relations internationales. Les Allemands s’en sont souvenus puisque leur réunification s’est faite très largement sur une idée politique de la démocratie plus que sur celle de la nation retrouvée. Ce progrès de la démocratie n’a pas accompli toutes ses promesses, et le désenchantement est souvent au rendez-vous des anciens pays de l’Est, comme l’atteste notamment l’excellent collectif dirigé par Doris Petric et Jean-François Gossiaux, Europa mon amour. 1989-2009 : un rêve blessé (éditions Autrement, coll. « Frontières », 288 p., 22 €). Il n’empêche, avec l’effondrement du Mur de Berlin, un continent de possible s’est ouvert. Les sociétés de l’Est ne sont plus enfermées dans des carcans totalitaires. Le désenchantement peut être surmonté, à condition d’une prise de conscience collective et critique à laquelle les chercheurs peuvent contribuer. C’est une vision idéale mais nécessaire à conserver comme horizon d’attente.

Blog marzi
Des réussites, des œuvres, témoignent de la pensée de la démocratie et de l’expérience de l’Europe porteuses d’avenir et de bonheur présent. Il s’agit notamment des albums extraordinaires de la jeune Polonaise Marzena Sowa (« Marzi ») et de son compagnon le dessinateur Sylvain Savoia. Elle raconte, et lui illustre, son enfance en Pologne. Les éditions Dupuis viennent de publier l’intégrale Tome 2, …..1989 (238 p., 25 €). C’est un livre extraordinaire, à garder dans sa bibliothèque toute sa vie. « Marzi » évoque son monde pour mieux comprendre celui de tout un peuple, d’un pays qui est le sien et d’une maison qui est maintenant celle de la liberté, partout en Europe où elle vit désormais. « De mon pays à ma maison » clôt ce très bel album, poignant et juste. De ce texte joliment illustré, nous citons ici deux passages qui lui ressemblent, et qui parle de l’identité présente de Marzi, une identité démocratique au sens plein et enveloppant du terme.

« Je suis Marzi, je raconte Marzi, mais Marzi n’est pas que mon histoire. Néanmoins, je n’incarne pas la Pologne, ni l’histoire de la Pologne, je raconte juste ma version, mes souvenirs, tout est subjectif, tout est mien, je ne prétends rien, j’essaie de rester moi-même et raconter le monde à travers moi-même, le bleu-gris de mes yeux, mes lentilles. [...] Alors qui suis-je ? Ma tête explose. Polonaise, peut-être même slave. Un peu française et belge sur les bords. Peut-être même italienne et hispanisante depuis quelque temps. Européenne. Je suis tout ce que je veux. Je suis libre. A la maison, mon chat m’accueille en miaulant. En quelle langue ? En polonais, je dirais. Cette nuit, je dormirai dans des draps démocratiques. »

Vincent Duclert

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