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14 septembre 2009 |

Ne pas confondre chaos et désordre

Blog allemand 4 Ce n'était pas une mauvaise idée de situer La théorie du chaos (dessins de Jean-Christophe Thibert, Glénat, 2009, 56 p., 13€) dans le milieu des scientifiques atomistes des années 1950. Mais la ressemblance de plusieurs personnages avec des personnalités réelles frise la parodie. Ni le scénario ni le dessin ne laissent toutefois penser que les auteurs visent une réflexion humoristique, au contraire. A l'arrivée, c'est un peu ridicule.

Soit donc Alfred Bernstein, physicien qui a participé à la mise au point de la bombe atomique américaine. Ses remords l'empêchent de dormir et l'ont conduit à vouloir lancer un « Comité d'urgence des savants atomistes ». Si vous n'avez pas compris, sa notice nécrologique page 8 (il s'est fait assassiner page 7 par un ninja) précise qu'il est né en Allemagne en 1879, qu'il a fait ses études à l'Ecole polytechnique de Zurich, puis qu'il a travaillé au bureau des brevets de Berne... Il était accompagné par son collègue Jason Purcell, qui reprend le flambeau et décide prononcer à sa place le discours prévu à l'UNESCO. Celui-ci demande l'aide de Nathan Masson, un scientifique français (le meurtre a eu lieu à Paris, siège de l'UNESCO) lequel, coup de chance, est très ami avec l'agent des services secrets Etienne Kaplan, chargé d'enquêter sur le meurtre.

C'est ensuite au tour d'un armateur grec, potentiel soutien financier du futur mouvement pour la paix, de passer spectaculairement de vie à trépas. Puis Russell (pardon, Purcell) est lui aussi victime du ninja, tout comme une scientifique suisse. Un physicien japonais réfugié en France est, quant à lui, seulement enlevé. Kaplan et Masson ne sont pas au bout de leur peine. Ils sauveront in extremis les autres scientifiques menacés, parmi lesquels Anne Jobert-Lary (!) et J. Ridley Openhover (!!).

Comme l'a dit Alexandre Dumas, qui s'y connaissait, « Il est permis de violer l'histoire, à condition de lui faire de beaux enfants ». Convard et Thibert ont raté leur coup. Jusqu'au titre, complètement anachronique : le terme de « chaos » n'a été introduit en mathématiques que dans les années 1970, par James A. Yorke.

Luc Allemand, La Recherche

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