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07 août 2009 |

Aventures spatiales

Blog kress Un thème classique de la science-fiction : la rencontre avec des extra-terrestres conduit les hommes à réfléchir à ce qui caractérise la nature profonde de leur humanité. Nancy Kress, avec ce Feux croisés (Fleuve Noir, 2009, 376 p., 22 €), se montre à la hauteur. Soient donc quelques milliers de terriens qui s'offrent un aller sans retour vers une planète surnommée « Forêtverte » qui semble plus accueillante que la Terre, à plus de soixante années-lumière de celle-ci. Un groupe de « neo-quakers », adeptes du silence et de la non-violence, des chinois, des arabes, des « Cheyennes » qui ont négocié un retour à la nature, et quelques autres groupes assez riches pour s'offrir le voyage doivent coopérer et cohabiter dans un monde pas vraiment hostile, mais pas vraiment accueillant non plus : seule une sonde a précédemment envoyé des informations sur la végétation et la faune, et il faut d'abord découvrir ce qui est comestible, ce qui ne l'est pas, ce qui est éventuellement dangereux. Heureusement, l'évolution faisant bien les choses, mêmes si les organismes autochtones sont fondés sur l'ADN, leur génétique est assez différente de la nôtre pour que d'éventuels pathogènes n'aient pas d'effet sur les hommes.

Mais la véritable aventure pour ces pionniers, ou plutôt pour un petit groupe d'entre eux, c'est la rencontre avec les indiens, pardon, les extraterrestres. Deux espèces, en l'occurrence, dont aucune n'est originaire de la nouvelle planète, mais qui s'affrontent depuis une durée indéterminée. L'une, surnommée « les velus » faute de mieux, nous ressemble : à base d'ADN, bipède, à fourrure, technologique et violente. L'autre, « tige », est de nature totalement différente : inorganique, mais d'organisation analogue à celle de végétaux, avec des compétences biochimiques de pointe, et non violente (en tous cas, elle ne tue pas ses adversaires). Les humains doivent-ils choisir un camp? Et lequel? Celui des velus, qui se comportent plus ou moins comme nous, mais qui profitent de leur armement supérieur pour traiter les humains comme de vulgaires pions dans leur guerre? Ou celui des tiges, qui préfèrent réaliser des manipulations biologiques sur leurs adversaires pour amener ceux-ci à la raison? Les humains sont divers, par leur histoire et par leurs options philosophiques et éthiques : ils seront tentés par des choix différents. Il est peut-être un peu dommage que l'auteur ait poussé trop à l'extrême les attitudes antagonistes des deux espèces d'aliens, résolvant finalement son action sans ambigüité, en sauvant la morale (les gentils sont récompensés). Un peu plus de zones grises n'auraient pas nui.

Luc Allemand, La Recherche

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