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novembre 2008

27 novembre 2008

28 novembre, Claude Lévi-Strauss

Blog lévi Claude Lévi-Strauss aura cent ans demain 28 novembre. Une grande journée d’hommages et de lectures est organisée notamment au musée du Quai Branly. Philippe Descola, qui y participe, avait donné à La Recherche pour le numéro de juillet-août 2008, son regard sur les Œuvres de Claude Lévi-Strauss, édité par Vincent Debaene, Frédéric Keck, Marie Mauzé et Martin Rueff, dans la « Bibliothèque de la Pléiade » (2008, 2063 p., 71 €). Nous republions ci-dessous le texte de l’anthropologue et professeur au Collège de France.

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Françoise Dolto

Blog dolto Françoise Dolto aurait eu cent ans cette année. Au-delà des controverses actuelles lancées sur son présumé héritage, on pourra s’intéresser au très beau volume publié par les éditions Gallimard sur Les archives de l’intime de la psychanalyste (254 p., 29,50 €). Françoise Dolto gardait beaucoup des traces de sa vie professionnelle et privée, réunies ici et éclairées par plusieurs chercheurs, psychanalystes bien sûr mais aussi historiens comme Manon Pignot et Yann Potin. Ce qui ressort de cette édition très soignée est qu’effectivement elle n’était pas une « femme de pouvoir » comme l’écrit dans la préface sa fille Catherine Dolto.

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26 novembre 2008

Books, Première !

Hier se fêtait la sortie en kiosques du premier numéro de Books, un nouveau mensuel créé par l’ancien directeur de la rédaction de la Recherche. Avec une équipe qui compte notamment le démographe Hervé Le Bras, Olivier Postel-Vinay a imaginé une publication qui propose les meilleurs comptes rendus de livres parus dans le monde entier et qui sont traduits pour le public français. Les deux modèles revendiqués, pour cette revue d’ « actualité par les livres du monde », sont Courrier international et la New York Review of Books. Un site dédié est prévu sur la toile.

Vincent Duclert, EHESS

25 novembre 2008

Les savants de Bonaparte

L’Institut du monde arabe est un lieu magique où l’on a toujours plaisir à se rendre et je garde un souvenir émerveillé de L’âge d’or des sciences arabes, la somptueuse exposition de 2005-2006. Mon parcours dans Bonaparte et l’Egypte me laisse une impression plus mitigée. Les pièces exposées sont nombreuses et superbes, la scénographie agréable, mais l’aspect scientifique de la campagne est réduit à la portion congrue : quelques illustrations naturalistes, trois ou quatre instruments, le meuble conçu pour conserver la Description de l’Egypte, c’est à peu près tout.

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24 novembre 2008

Relire Darwin

Demain aura lieu à Paris (désolé pour les lecteurs habitant la province mais nos annonces ne concernent pas toujours la capitale) une conférence de Michel Morange, professeur au département de biologie de l’ENS, à l’ENS, 45 rue d’Ulm, à 18 h, consacrée au « meilleur moyen de défendre la théorie de l'évolution : relire Darwin » : « Relire Darwin, en particulier L'origine des espèces qui représente le livre central de son œuvre, est un des meilleurs moyens pour défendre correctement la théorie de l'évolution. Non que L'origine des espèces contienne tous les développements de la biologie évolutive qui sont intervenus pendant le XXe siècle ; ni que Darwin ne se soit pas trompé.

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21 novembre 2008

Autopsie d'un mythe national

Blog bouamama A l’heure où la grande manifestation lilloise CitéPhilo bat son plein, évoquons sur ce Blog la collection « Philosopher » des éditions Larousse et la parution, en son sein, de La France. Autopsie d’un mythe national du socio-économiste Saïd Bouamama (17 €). Cet ouvrage qui tente de répondre à deux interrogations majeures, Qu’est-ce que la France ? et Qu’est-ce qu’être français ?, se penche sur la questions des identités et souligne que leur pluralité est vivante et essentielle. Les écarter au profit du seul lien qu'établirait la nation, comme l’exige la thématique de l’identité nationale, équivaudrait à enlever tout ce qui fait vivre la nation française, explique l’auteur.

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20 novembre 2008

Bibliothèque des Poches. Trinh Xuan Thuan

Blog trinh Ce célèbre physicien d’origine vietnamienne, diplômé du Caltech et de Princeton et professeur d’astrophysique à l’université de Virginie, est un grand spécialiste de la vulgarisation scientifique, dont les livres portent sur le big bang et la place de l’homme dans l’univers. Deux rééditions en poche viennent de rappeler cette vocation de l’astrophysicien pour la librairie. Son Destin de l’univers reparaît en « Découvertes » Gallimard dans une édition remaniée, quatorze ans après la première édition (160 p., 13,50 €), tandis Les Voies de la lumière sous-titré Physique et métaphysique du clair-obscur, paru originellement chez Fayard, sort en « Folio essais » aux mêmes éditions Gallimard (1040 p., 12 €) Plus de mille pages retracent l’histoire de la lumière et l’effort des hommes pour en percer les secrets et accroître la connaissance de la humanité. De la physique à la métaphysique en d’autres termes.

Vincent Duclert, EHESS

19 novembre 2008

Pour la mémoire de Marie-Claude Lorne

Le texte digne et fort signé par Jacques Dubucs, Jean Gayon, Joëlle Proust, Anouck Barberousse et Philippe Huneman « Une philosophe broyée par l’Université de Brest » (blog « 24 heures Philo »), m'avait convaincu de ne rien ajouter par respect pour la mémoire de Marie-Claude Lorne, et aussi pour ses proches. Le post de Vincent Duclert «  Suicide d'une philosophe française » (15 novembre, sur ce blog) m'a fait changer d'avis à la fois par les informations nouvelles qu'il contient et par ce qu'il est possible de comprendre en suivant les liens qu'il propose. La lecture de ceux-ci fait en effet surgir des exigences qu'il est urgent de satisfaire car les rumeurs contradictoires sur l'internet sont odieuses. Quelques exemples : Marie-Claude Lorne a-t-elle été licenciée ? Ou non-titularisée dans son poste ? Est-il exact qu'elle n'a été prévenue que quelques jours avant la rentrée, soit près de trois mois après la décision de la commission ? Et si cela est vrai, comment a-t-elle été prévenue et pourquoi si tard ? On attend de la présidence de l'Université de Brest de la transparence, des déclarations claires, et la publication du procès-verbal produit par la commission. Est-il vrai que cette commission a reproché à Marie-Claude Lorne, MDC stagiaire, de ne pas résider à Brest ? (si cela était avéré, il eut été aussi bête de lui reprocher de ne pas parler breton). La lumière doit donc être faite publiquement sur l'argumentation du procès-verbal, et il convient que celui-ci soit authentiquement daté. En outre, est-il exact que seulement deux personnes - on comprendra que j'évite le mot « collègues » - ont pris la décision qui a brisé la vie de Marie-Claude Lorne ? Car une commission à deux n'est plus une commission mais une félonie. Dans ce cas, une élémentaire démarche de la présidence de l'Université serait de faire publiquement connaître les mesures envisagées, ou déjà prises – on veut le croire, pour éviter un tel scandale dans l'avenir (et que la procédure soit légale n'atténue pas le scandale, c'est même tout le contraire). Nul doute que les exigences modestes qui viennent d'être formulées et qui sont à l'évidence très largement partagées, seront bientôt satisfaites – peut-être le sont-elles déjà au moment où ces lignes sont écrites ? Ce serait bien pour l'honneur de l'Université de Brest et cela mettrait un point final aux rumeurs délétères pour la mémoire de Marie-Claude Lorne comme l'Université tout entière. Faute de quoi on pourrait légitimement s'interroger sur la fonction réelle de nos institutions. L'illusion est en effet très répandue dans le public que les qualités académiques vont inévitablement de pair avec la droiture morale, le courage, la fermeté d'âme, la sincérité et autres fariboles pour la frange des universitaires prêts à perdre leur âme pour négocier des avantages de carrière. Le propre d'une institution digne de ce nom est d'empêcher ces gens de nuire. Vaste programme, certes, mais pas tant que cela si nous faisons valoir, nombreux, notre combat contre tous ceux qui, à Brest et ailleurs, haïssent ce qui n'est pas médiocre dans l'Université et la recherche. A l’heure où les communautés des chercheurs et des enseignants-chercheurs entrent dans une période de profonde incertitude, où elles s’interrogent sur les menaces qui pourraient peser sur la liberté même de la recherche, où elles mesurent aussi tout les humiliations imposées à de brillants docteurs devenus personnels précaires ou même rien du tout dans l’université, la première des urgences est de remettre un peu d’éthique dans nos pratiques. De le dire et de l’écrire. La mort de Marie-Claude Lorne n’est peut-être pas l’affaire Dreyfus à laquelle certains blogueurs l’ont comparée (sur Agoravox), mais il n’empêche qu’elle nous oblige toutes et tous à défendre les idéaux qui nous animent. Et en premier lieu, celui de la vérité. C’est à cet effort de sens que nous sommes conviés, pour garder la conscience de ce qu’on ne voit pas, et qui est pourtant si proche.

Pascal Acot Institut d'Histoire et de Philosophie des Sciences et des Techniques

18 novembre 2008

Le métro revisité

Blog auge Dans son dernier livre Le métro revisité (Seuil, coll. « La librairie du XXIe siècle », 100 p., au prix de 12€), l’ethnologue Marc Augé plonge le lecteur dans ce monde souterrain, 22 ans après la publication de son précédent ouvrage Un ethnologue dans le métro (1986, Hachette). Toutefois, on aurait tort de considérer que sa réflexion constitue une suite linéaire à son précédent ouvrage. L’idée n’est pas d’infléchir ses observations qui révélaient tout ce que le métro recèle de conventions, de rites, etc. Il constitue un arrêt dans le passé pour mieux cerner « le métro lui-même, qui est toujours là, mais qui a changé ». Comment distinguer les marques de la contemporanéité et quel sens y donner ? A ce titre, sa partie nommée « trajets » est riche d’enseignements sur la posture de l’ethnologue avec son terrain et on le suit volontiers dans ce wagon. Si le voyageur est devenu un usager qui a droit au « service minimal », le métro demeure un lieu où les foules se rencontrent et « jettent éventuellement un œil sur les publicités qui s’y affichent, et y font l’expérience concrète du fonctionnement des services publics ». Cet espace public met en scène de nouvelles formes de la pauvreté (presse dite solidaire, mendicité, etc.) tout en muséifiant non sans contraste certaines de ses stations. Il traite également subrepticement mais judicieusement de cet espace public sous « liberté surveillée » et des signes nombreux des techniques modernes qu’il interprète comme les traits de « l’expulsion intime de soi qui caractérise l’individualité contemporaine ». Le métro n’est résolument pas un non-lieu. Avec succès, on prend acte de ce que les détails disent de notre société d’aujourd’hui. Malheureusement, on finit par ne plus très bien savoir quelle est la véritable destination finale de son propos. On change de lignes et entre les lignes, on ressent l’ombre de son précédent ouvrage, sa nostalgie du poinçonneur des lilas qui gâche la possibilité de partager son expérience de « l’étrange alliance de la jeunesse, de la pauvreté et de la modernité ». Espérons néanmoins un voyage souterrain à son livre qui se lit comme un roman. Proust écrit dans le célèbre Du coté de chez Swan : « Mais à l'instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d'extraordinaire en moi ». Posons alors la question à nos lecteurs probablement usagers voyageurs si la relation avec leur métro est aussi intemporelle que la plus célèbre des madeleines.

Lynda Sifer Rivière, Cermès-Inserm

17 novembre 2008

Dans la peau d'un clandestin

Blog_acot En Italie, le prix Terzani récompense chaque année l'auteur d'une oeuvre qui traite du dialogue ou du choc des cultures. En 2008 c'est un journaliste d'enquête, Fabrizio Gatti, qui l'a reçu, pour s'être glissé dans la peau d'un immigré clandestin, au départ de Dakar, pour tenter de rejoindre l'Europe. Son témoignage est littéralement épouvantable (Bilal, sur la route des clandestins, Editions Liana Levi, 2008, 21 €). Traversant le Ténéré à 180 sur un seul camion, rackettés par les passeurs, systématiquement fouettés à coup de câbles électriques par les militaires des pays traversés qui s'approprient ainsi leur misérables viatiques, les candidats à l'immigration en Europe peuvent s'estimer heureux à leur arrivée en Libye de n'avoir pas été abandonnés dans le désert par leurs passeurs, ce qui est fréquent ; de ne s'être pas retrouvés « stranded », échoués, dans une ville du désert sans aucun moyen d'en sortir – sinon par la prostitution, source d'espoir pour les femmes... Chaque année des centaines de clandestins meurent de soif dans le désert ou sont noyés entre la Libye et le centre de rétention de Lampedusa, où des militaires fascisants (quoique tous ne le soient pas) traitent les survivants comme des repris de justice. Il faut dire que la « route des esclaves » rapporte beaucoup d'argent : entre Tirkou et Agadez, seize camions, c'est 2900 passagers, et 210 000 euros en quatre jours. Les hommes se lancent pourtant car Dieu ne saurait les abandonner. Mais le plus souvent « Dieu fait preuve d'une certaine étourderie » dans cet endroit du monde... Fabrizio Gatti, dont j'ai eu la chance d'apprécier la modestie et la simplicité, est un journaliste qui fait honneur à son métier, par son courage et son style.

Pascal Acot, CNRS