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21 juillet 2008 |

Le sombre abîme du temps. Mémoire et archéologie

Blog_olivier L’archéologie est un piège ; un chantier de fouilles ne permet d’exhumer qu’une réalité tronquée. Laurent Olivier, homme de terrain et conservateur au Musée des antiquités nationales, entend rappeler ce fait à ses confrères et, en ces temps du quatrième volet des aventures d’Indiana Jones, au tout un chacun que l’archéologie passionne. Pour cela, faisant appel à son expérience et à divers domaines des sciences humaines (histoire, philosophie, psychanalyse) il nous propose un livre très personnel, voire intime, sur la notion de temps et sur la difficulté de l’appréhender à travers les seuls vestiges de l’activité humaine exhumés lors des fouilles : Le sombre abîme du temps. Mémoire et archéologie (Le Seuil, coll. « La couleur des idées », 302 p., 21 €). Incontestablement, la réalité que dévoile le sous-sol aux chercheurs n’est que ce que le temps qui s’écoule, le hasard et la nature ont bien voulu lui léguer. Or, ce passé n’est apparemment lisible qu’à travers ses discontinuités, ses ruptures qu’étalonnent par exemple les couches stratigraphiques ou dont de menus objets mis au jour portent témoignage. Pourtant, la vérité temporelle est d’abord celle d’une continuité et partant inaccessible à la démarche de l’antiquaire collecteur de pièces que demeure l’archéologue. En effet, pour L. Olivier, le passé est inconnaissable dans toute sa complexité et l’illusion est d’imaginer pouvoir y accéder car « la démarche archéologique consiste en une inlassable opération de séparation » de l’objet de son contexte. Toute tentative de connaissance du passé est vaine car elle ne se fonde que sur une reconstruction effectuée dans le présent avec pour seuls outils que des matériaux fragmentaires qui, comme l’arbre cache la forêt, dissimulent l’essentiel. L. Olivier appelle donc l’archéologie à faire sa révolution, à accepter qu’elle ne peut restituer ce passé dans sa globalité. L’archéologue doit faire le deuil de cette chronique impossible. Il doit se résoudre à reconnaître que son champ d’analyse est, tout comme pour les sciences historiques, une accumulation d’événements particuliers qui ont leur propre sens, leur propre « histoire » et dont l’accumulation peut permettre de retrouver, éclairer ou contester quelques grandes lignes générales. Arnaud Hurel, Muséum national d'histoire naturelle

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