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29 mai 2008 |

Le bronzage

Blog_bronzage Professeur d’épistémologie du corps et des pratiques corporelles à l’UHP Nancy Université, déjà co-directeur du Dictionnaire du Corps dans les sciences sociales (2008, 578 p., 20 €) également publié aux éditions du CNRS, Bernard Andrieu propose un bref, dense et très illustré panorama du bronzage (préface de Nadine Pomarède, 120 p., 12 €). Ce livre constitue le second titre de la collection « Corps » dirigée par Gilles Boëtsch, l’autre co-directeur du Dictionnaire du Corps et auteur en 2000 du Corps dans tous ses états. Regards anthropologiques, toujours aux éditions du CNRS. De fait, Le bronzage constitue une approche décalée du corps en relation avec la nature, dénudé pour mieux bénéficier des bienfaits du soleil sur la peau et sur l’âme. « Symbole de santé, d’activité et de beauté, le bronzage est une érotisation de la peau, à la fois par la sensation de chaleur et par l’exposition consentie des parties bronzées ou non », explique Bernard Andrieu. La collection de photographies de nus au soleil (nus essentiellement féminins) de Gilles Boëtsch est largement sollicitée, pour le plus grand bonheur de l’éditeur qui offre ainsi un ouvrage solaire à tous les sens du terme. Sur le fond, Bernard Andrieu aborde les principaux aspects anthropologiques, médicaux et sociaux du bronzage, en insistant sur les crèmes solaires et autres protections contre l’acteur soleil (et pour cause, l’auteur participant à l’Observatoire Nivéa d’où l’idée de son livre est venue, suggérée par l’historien du corps Georges Vigarello) et en abordant la question du « capital soleil » et du risque de cancer une fois ce capital dépensé. La conclusion souligne enfin le paradoxe entre l’attrait pour l’esthétique bronzée et le maintien des discriminations sociales envers les immigrés du sud, les « bronzés ».

Vincent Duclert, EHESS

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Commentaires

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Le débat est d'autant plus ouvert qu'au-delà des liens croisés entre Bernard Andrieu, le directeur de collection et l'observatoire Nivéa, on est en présence d'un ouvrage qui, bien que synthétique, est ancré dans une réflexion de spécialiste. Celui-ci souligne ainsi le bronzage des corps n'est qu'une étape dans le processus des relations entre l'homme et le soleil et la prise de conscience écologique des ressources solaires et de leur fragilité. De ce point de vue, le chercheur peut aussi apparaître comme un lanceur d'alerte à destination des entreprises industrielles soucieuses de leur avenir et de leur label éthique.

 

Un des mes correspondants à la critique acerbe et salutaire m’écrit ceci : « Je ne veux pas polémiquer, et je ne mettrai pas de commentaire sur le blog, mais c’est spécial copinage ce livre sur la bronzette : Boetsch dirige une collection chez CNRS éditions, prête (?) ses photos, préside le comité national du CNRS (au titre du SNCS), préside l’observatoire Nivéa, dont fait aussi partie l‘auteur du livre... » Sur un ton plus ironique, je rapportais dans mon post plusieurs de ces « affinités électives » sources d'interrogation. Concernant l’Observatoire Nivéa et les chercheurs qui y participent, on pourrait faire une double analyse. D’une part, ceux-ci risquent bien de perdre leur indépendance en se liant ainsi à un organisme découlant d’une industrie pleinement intéressée par une présentation irénique du bronzage. De l’autre, ces organismes procurent financements et soutiens à une recherche qui en a de plus en plus besoin. Le débat est ouvert.

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