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20 avril 2008 |

Le temps présent

Blog_lefort Claude Lefort est à mon avis le philosophe du politique le plus important en France, à la fois par sa critique du totalitarisme et par sa réflexion sur la démocratie. Il a repris et dépassé tout le programme d’étude de Raymond Aron et avant lui d’Elie Halévy. Malheureusement, sa notoriété publique n’est pas à la hauteur de sa pensée capitale, en témoigne le faible impact de la publication de ses écrits de 1945 à 2005 coordonné par Claude Mouchard (Le temps présent, 2007, Belin, coll. « Littérature et politique », 1040 p., 42 €). Alors que l’on parle beaucoup en ce moment de Mai 68, on pourrait relire la nouvelle préface qu’il donnait en 1988 à la Brèche paru dès juin 68 (co-écrit avec Edgar Morin et Jean-Marc Coudray alias Cornelius Castoriadis) : "Relisant cet ancien essai, je constate qu’il souffre de n’avoir pas mieux replacé le mouvement de Mai dans le cadre de la société démocratique. S’il n’a pas été à l’origine d’une révolution, ce n’est pas seulement qu’il fut, pour l’essentiel, un mouvement d’étudiants, comme je l’ai noté, c’est, avant tout, parce que la démocratie est ce régime dans lequel le conflit, si intense soit-il, trouve normalement sa place ; ce régime qui consent à se laisser ébranler, ne désarme pas l’espoir du changement ; ce régime qui consent à se laisser ébranler, ne désarme pas l’espoir du changement ; ce régime qui ne saurait – à moins d’être détruit, non par une révolution, mais par un mouvement totalitaire – se confond ni avec le système capitaliste, ni avec la domination de la bureaucratie, ni avec l’empire de la technique, quoiqu’il leur soit, inextricablement, lié." (p. 597) Il est donc temps, à notre tour, de lire ou relire Claude Lefort dans le temps présent.

V.D.

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